Le représentant du ministère public près le tribunal correctionnel de Sidi-M'hamed a requis jeudi une peine de 10 ans de prison ferme à l'encontre de dix responsables dans l'affaire du port d'Alger dont les deux ex-P-DG de l'entreprise portuaire Epal. Le procureur a estimé dans sa plaidoirie que les faits de cette affaire “sont très graves et sensibles, d'autant qu'il s'agit d'une atteinte à l'économie nationale”. Ce qui a entraîné, selon lui, un préjudice à l'entreprise en contrepartie d'un bénéfice estimé à 1 200 milliards de centimes par an aux entreprises privées. Le représentant du ministère public a ajouté que les responsables du port ont facilité aux entreprises privées l'exploitation des clarks de chargement et déchargement de la marchandise au niveau du port d'Alger illégalement et sans autorisation. Il a également précisé, en réponse à B. A., l'ex-P-DG du port, qui avait déclaré lors de l'audience qu'il a informé les directions d'exploitation, exigé un inventaire et qu'il a procédé au règlement du problème par voie administrative sans recourir à la justice, que cette démarche constituait “un fait grave d'autant qu'il s'agit d'un dépassement à l'encontre de l'entreprise”. Il a ainsi requis la peine maximale à l'encontre de dix accusés dont les deux ex-P-DG du port et quatre cadres de l'Epal et des opérateurs privés. Bourouai Abdelmalek, l'ex-P-DG du port d'Alger, avait déclaré à la présidente du tribunal correctionnel jeudi que sa mission “est d'établir une stratégie de gestion du port et pas de suivre les dépassements” et qu'il a suivi le plan établi de son prédécesseur. “Quand j'ai découvert les dépassements, j'ai alerté les directions d'exploitation et organisation et j'ai pris des mesures exceptionnelles”, a-t-il dit. Il a justifié le règlement administratif de cette situation par le fait que l'affaire peut traîner des années devant la justice tout en affirmant qu'il n'a pas livré des autorisations aux opérateurs privés. “Ça fonctionnait avec des conventions et contrats depuis des années.” Les investigations entreprises par les éléments de la Police judiciaire du DRS avaient fait état de la dilapidation des fonds publics au profit des sociétés privées qui travaillaient illégalement avec des autorisations obtenues contre des sommes d'argent et que la plupart des équipements de chargement et de déchargement ne répondaient pas aux conditions requises. Les ex-P-DG, Ali Farah, et son successeur, Bourouaï Abdelmalek, ainsi que Zerzaïhi Abdelmadjid, ancien DGA, chargé de l'exploitation et deux opérateurs privés, Titache Redouane et Miloudi Mohamed en détention. Quatre autres inculpés en liberté, dont deux ex-DGA ont comparu depuis mercredi dernier devant le tribunal correctionnel de Sidi-M'hamed. Ils sont poursuivis pour “association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics, passation de contrats en violation de la réglementation” alors que l'accusation pour faux et usage de faux n'a pas été retenue. Le verdict sera connu dans les prochains jours.