Le Premier ministre égyptien Essam Charaf a tenu hier une réunion de crise de son cabinet au lendemain des violents affrontements entre musulmans et chrétiens qui ont fait douze morts au Caire, alourdissant un climat déjà tendu entre les deux communautés. L'armée, dépositaire du pouvoir, a annoncé qu'elle allait déférer les 190 personnes arrêtées dans le cadre de ces violences devant des tribunaux militaires. M. Charaf, qui prévoyait une tournée dimanche aux Emirats arabes unis et à Bahreïn, a reporté son voyage et convoqué “une réunion d'urgence du cabinet pour examiner les événements regrettables à Imbaba”, selon l'agence officielle Mena et la télévision d'Etat. De violents affrontements entre musulmans et chrétiens ont fait douze morts et plus de 200 blessés, samedi soir, dans un quartier populaire du Caire, selon un nouveau bilan de la télévision d'Etat. Citant des responsables du ministère de la Santé, la télévision a indiqué que douze personnes avaient péri et 232 autres avaient été blessées lors des affrontements interconfessionnels dans le quartier d'Imbaba. Les principaux affrontements se sont produits autour d'une église du quartier, attaquée par des musulmans estimant qu'une chrétienne voulant se convertir à l'islam y était enfermée. Une autre église a été incendiée dans ce quartier, où de nombreux soldats et de policiers anti-émeutes ont été déployés après les violences. Le ministre de l'Intérieur, Mansour Al Issawi, s'est rendu sur place dimanche. Il a été pris à partie par des musulmans et des Coptes de ces quartiers réclamant davantage de sécurité, a rapporté l'agence Mena. Selon Ali Abdel Rahmane, gouverneur de Giza, dont dépend Imbaba, le gouvernement a ordonné un dédommagement de 840 dollars pour les familles des victimes et 336 dollars pour celles des blessés. L'armée, qui assure la direction du pays depuis qu'une révolte populaire a chassé le président Hosni Moubarak le 11 février, a exhorté “toutes les communautés en Egypte, les jeunes de la révolution et les théologiens musulmans et chrétiens à s'opposer fermement aux tentatives de groupes obscurantistes de torpiller l'unité nationale”. Depuis des mois, l'Egypte connaît une montée des tensions entre communautés, alimentée par des polémiques autour des femmes coptes qui souhaiteraient se convertir à l'islam, mais seraient maintenues cloîtrées par l'Eglise. Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, représentent entre 6 et 10% des quelque 80 millions d'Egyptien. Présents en Egypte depuis les premiers temps du christianisme, avant l'ère islamique, ils s'estiment discriminés et de plus en plus marginalisés dans une société en grande majorité musulmane sunnite.