La Croisette continue à vivre au rythme frénétique du plus grand festival du monde. Tandis que les projections vont bon train, les diverses compétitions ont vu l'entrée en lice de plusieurs sérieux prétendants, les stands des pays comme le Liban, le Maroc et la Jordanie, ont connu une belle animation, et le Pavillon du Monde a remporté un grand succès suite à son programme fort intéressant. Ces derniers jours, on a vu l'entrée en lice des prétendants très sérieux dont frères Dardenne avec Le Gamin au vélo, et l'Iranien Mohammad Rasoulof avec Bé Omid é Didar (au revoir). Les deux films ont comme dénominateur commun l'ancrage dans la réalité sociale des pays respectifs. Alors que le premier met en scène un enfant à la recherche d'un autre père tant que son géniteur le rejette, le deuxième montre les difficultés d'une femme avocate iranienne qui cherche à quitter son pays. Ses soucis ont été doublés du fait des activités clandestines et subversives de son mari journaliste. Plus marqué politiquement, le film iranien a été projeté dans un contexte de tension et de polémique. Plusieurs Iraniens n'ont pas compris la programmation de ce film dans la section. Un certain regard et surtout la “présentation du film comme étant produit et réalisé dans la semi-clandestinité”, alors que le cinéaste avait reçu une autorisation de tournage, nous a affirmés une professionnelle iranienne rencontrée à Cannes. A contrario, d'autres y ont vu un film courageux. Selon la femme de Rossouf qui avait quitté l'Iran pour Cannes sur la pointe des pieds, son mari a été convoqué par la police juste avant la projection du film. Quoi qu'il en soit, le film raconte une réalité sombre et triste. Le montrer à Cannes va dans le sens de la libération de la parole des artistes opprimés. S'agissant du Pavillon du Monde, il cherche toujours à prolonger “la mission du festival : soutenir et accompagner la création cinématographique à sa source, en amont du processus de sélection”. Ainsi, parrainé par le cinéaste argentin Pablo Trapero, et marrainé par l'actrice française Elsa Zylberstein, il a affiché un programme fort intéressant. Il a allié projections de films, conférences-débats et rencontres entre des réalisateurs porteurs de projets et des producteurs. Parmi les conférences données, figure la leçon de cinéma du parrain du pavillon, Pablo Trapero. Avec lui, cela a été une occasion de suivre l'évolution de ce cinéaste, représentant de la nouvelle vague du cinéma argentin, très orientée sociale et ayant pris essor lors des années 1990, et ce, dans une argentine en pleine crise économique. Concernant les projets, on retrouve ceux portés par l'Egyptienne Ayten Amin. Il s'agit de deux fictions 69 Messaha Square et de Spring 89. On retrouve aussi un Marocain, Mohamed Achaour qui porte le projet Once upon a father.