Parmi les artistes peintres les plus reconnus et côtés dans le monde de la Toile, Mahjoub Ben Bella, qui a vu le jour à Maghnia en 1946, et a gardé son âme, sa “générosité”, comme il l'aime à se définir, à l'abri des tourbillons de la réussite et des sirènes évanescentes de la célébrité. Lui, qui a exposé dans les plus grandes galeries et musées du monde (New-York, Bruxelles, Paris, Sao Paolo, Madrid, un peu partout en Europe, dans le monde arabe ou encore en Asie) éprouve presque une joie “virginale” en évoquant sa prochaine exposition qui se tiendra, le printemps 2012, au Musée d'arts modernes d'Alger. “C'est une fierté pour moi, et cela coïncide avec le 50e anniversaire de l'Indépendance”, dira-t-il, en citant Mohamed Djechiche et Mustapha Orif, respectivement conservateur et coordinateur au MAMA, comme les deux chevilles ouvrières du projet. Cette exposition personnelle s'annonce comme une sorte de mini-rétrospective de Mahjoub Ben Bella, même si, pour le moment, les détails du rendez-vous artistique relatifs au nombre et dimensions des tableaux ne sont pas encore arrêtés. “Ce lieu ne peut être que formidable, c'est un vrai musée d'arts modernes”, ajoutera-t-il comme pour mieux souligner son adhésion totale à ce retour aux sources. Un voyage mnémonique que fera l'homme d'abord, l'artiste après, de son exil en France en 1966 et de la difficulté de se frayer un chemin, alors que les plaies de la guerre ne sont pas complètement cicatrisées, et que l'on porte un patronyme comme le sien, alors synonyme de poids supplémentaire pour la traversée de la vie. “On sortait de la guerre, le nom que je porte, mes origines, ma nationalité, réussir en France était loin d'une sinécure, mais les gens du Nord m'ont adopté. Je ne réalise cela que tardivement”. Mahjoub Ben Bella confesse, et l'on se surprend à rêver en suivant l'itinéraire de cet artiste “viscéralement algérien”, à visiter le British Museum à Londres qui a acquis sept de ses œuvres, quatre grandes aquarelles et trois toiles, grand format, à longer l'Institut du monde arabe, où il a exposé en groupe, a voyagé aux Etats-Unis d'Amérique, au Qatar, en Allemagne et au Maroc. Enseignant à l'Ecole des beaux-arts de Cambrai pendant deux ans, Mahjoub Ben Bella décide de se consacrer exclusivement à sa carrière artistique, et son travail est recherché un peu partout dans le monde. Evoquer ses inconditionnels, c'est parler du monde de la politique française, Fabius, Vedrine, Martine Aubry, De Villepin, pour ne citer que ceux-là. La peinture de Mahjoub Ben Bella, son style personnel qui a construit sa renommée, est une abstraction lyrique qui se façonne à partir d'écriture d'origine. “Des signes qui se font signe, des petits clins d'œil, et l'empreinte des signes n'est pas visible, n'est pas détectable. Les signes sont réinventés, inspirés de la calligraphie. Mes tableaux ne sont pas lisibles et mon monde pictural est une somme de formes, de valeurs et de couleurs. Je suis coloriste, comme je peux aussi créer des œuvres en noir et blanc”. Essayer de définir ou de tracer le parcours artistique du peintre équivaudrait à énumérer des bornes kilométriques sur une autoroute tant les escales, programmées par sa galerie d'arts de toujours Claude Lemand, son ami libanais, sont nombreuses. “Ma production est énorme, le travail est un besoin physique”, expliquera celui qui est foncièrement convaincu qu'il ne faut jamais couper le cordon ombilical avec sa patrie et ses origines. De cette production universelle, il en tirera deux constantes, l'amour de la famille et du pays. L'artiste laissera la place au père qui voit son fils Nadjib, alias DJ Boulaone se frayer lui aussi sa place dans le monde artistique. Nadjib Ben Bella, la trentaine, est depuis cette année en tournée avec Amazigh Kateb et Grazzhopa's DJ Big Band, une formation de six DJs.