“Ce n'est pas un bloc opératoire ! C'est pire qu'une étable ! Fermez-moi immédiatement cette écurie !” C'est par ce ton ferme et impératif du premier responsable du secteur de la santé, qu'a été ordonnée, un certain jeudi 30 décembre 2010, la décision de la fermeture du service de la chirurgie générale de l'hôpital Che-Guevara de Mostaganem. Dans la précipitation, on a vite oublié que “l'écurie” en question s'est toujours, tant bien que mal, acquittée de sa mission. Pris au mot, la démolition des blocs opératoires fut entamée dans la semaine suivante, alors que les chirurgiens opérants furent “confinés” dans une ancienne salle de chirurgie “neuro et ORL”. Du coup, depuis plus de cinq mois, c'est du provisoire qui dure. Le wali et le directeur de la santé de la wilaya ne cessent d'appeler et rappeler la tutelle quant à l'opération rénovation de l'aile démolie de l'hôpital. En haute sphère, la bureaucratie ne s'empresse pas de “délivrer” l'enveloppe financière requise pour exaucer la promesse du ministre Dr Djamel Ould Abbès. Une lenteur qui s'avère particulièrement préjudiciable aux malades, priés de prendre leur mal en patience. 20 chirurgiens dans différentes spécialités se “bousculent” pour s'arracher un moindre créneau dans le programme d'utilisation de l'unique plateau opératoire “improvisé” dans l'attente de la rénovation qui tarde. “À maintes reprises, je me suis retrouvé dans l'embarras face à mes patients. Jusqu'à quand vais-je leur mentir pour me trouver les prétextes de différer leur admission au bloc ?” confie un chirurgien, outré par “l'encombrement” du service de chirurgie et la “gymnastique” particulièrement difficile, dans la gestion du programme des urgences dites différées dans le jargon médical. Fort heureusement, les urgences ne posent pas problème dès lors, qu'elles sont prises en charge au niveau des UMC de Tigditt. À la lumière de “l'expérience” vécue durant ces cinq longs mois, c'est à l'égard de la saison estivale que les chirurgiens de l'hôpital éprouvent les plus vives réticences. “Comment va-t-on s'organiser dès lors que, la population de Mostaganem va doubler, recrudescence des accidents et des traumatismes avec ?” se demande un autre collègue, qui avoue avoir commencé à fixer à ses malades des rendez-vous après le Ramadhan. L'exiguïté et l'encombrement au niveau du bloc opératoire ne sont pas l'unique “lot” de soucis du corps médical de l'hôpital Che-Guevara. Davantage préoccupantes, la pénurie et la rupture des stocks de médicaments et autres produits indispensables au fonctionnement normal des différents services de l'hôpital, ne font qu'accentuer la démobilisation générale. Surtout quand elles touchent aux produits “vitaux”, à l'instar de l'alcool chirurgical, des solutés (sérum salé et glucosé), des anti-inflammatoires ou des analgésiques. Il a fallu tirer la sonnette d'alarme, par les écrits et les rapports pour qu'un camion chargé desdits produits soit enfin dépêché en cette fin de semaine, en direction de l'hôpital Che-Guevara. Juste un soulagement, en attendant la future rechute.