“Cet hommage est un honneur pour la famille. Je l'ai toujours vu dans son bureau à écrire ses œuvres, c'est un grand homme de lettres mais aussi un père très attentif et d'une grande générosité”, a confié Selma Boulaïd, la fille du Pr Doudou Boulaïd, lors d'une conférence-débat en hommage à ce docteur en philosophie, organisée, hier, à la résidence d'Autriche. Et d'ajouter : “Il a eu des moments difficiles dans son travail (ses livres n'étaient pas publiés), mais on était riches par l'éducation et la douceur qu'il nous a apportées.” Cette initiative a été prise par l'ambassadeur d'Autriche, Mme Aloisia Wörgetter. “L'ambassadeur a décidé de faire cet hommage dès qu'elle est arrivée, car plus elle récoltait d'informations et plus elle s'y intéressait.” “J'aurais aimé que des hommages soient rendus à Alger ! Dans sa ville natale à Jijel, des commémorations lui sont consacrées chaque année”, a ajouté Selma Boulaïd. Durant le débat, un universitaire avait proposé de créer la fondation Doudou Boulaïd “afin de perpétuer son travail, ses œuvres et la grandeur de cet homme. Pourquoi pas lancer un concours de la meilleure traduction pour les chercheurs et traducteurs algériens”. Ecrivain, poète et traducteur, Doudou Boulaïd est né le 31 janvier 1934 à Jijel et il s'est éteint le 16 janvier 2004, laissant derrière lui une vingtaine de traductions vers l'arabe de plusieurs œuvres littéraires autrichiennes et allemandes, notamment de Franz Kafka, Arthur Schnitzler et Stefan Zweig. Il s'est consacré aux études orientales (littérature perse et turc). En outre, Doudou Boulaïd a enseigné à l'université de Vienne, et celle de Kiel en Allemagne. Dès son retour en Algérie, il a exercé comme professeur de littérature comparée à l'université d'Alger. “On espère voir un jour ses œuvres éditées dans un ouvrage en Algérie. Il a traduit une dizaine d'œuvres pendant la décennie noire qui n'ont jamais vu le jour”, a déclaré Malika Benbouza, professeur à l'université d'Alger. Et d'ajouter : “Une vingtaine ont été éditées par le ministère de la Culture mais elles sont indisponibles sur le marché.” L'éditeur Hassan Benamar de Dar El Ouma, ancien étudiant de Doudou Boulaïd, a raconté son expérience avec cet homme de lettres tant marginalisé dans son pays. “La reconnaissance pour mon travail viendra après mon départ parce que je suis un homme incompris”, m'avait-il dit un jour. Cette rencontre s'est achevée par quelques témoignages de sa famille.