Résumé : Epuisé par les émotions et ses blessures, Mohand revint dans la remise pour se reposer. Amar le suit. Il avait deviné à sa mine défaite que son frère n'avait rien avalé durant des jours.. Un plat de couscous leur est servi. Amar avoue que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas goûté à un tel plat, si bien qu'il en rêvait… Ils se mirent à manger en silence et comme il faisait encore plus sombre qu'a son arrivée, Amar se lève et allume une deuxième torche. - Voilà qui est mieux. Je pense qu'on devrait ramener un braséro et réchauffer un peu cette pièce. - Je ne vais pas habiter ici tout de même. - Oui. Mais tu as vu quel temps il fait dehors pour cette nuit ? Même les chats se sont engouffrés dans la maison. Les deux frères redéposèrent leurs cuillères. À vrai dire, aucun d'eux n'avait réellement faim. Leur gorge était nouée de tristesse et d'émotion. Mohand lance d'une petite voix : - Va rejoindre les enfants. Cela fait belle lurette qu'ils ne t'ont pas vus. - Oui. J'ai vu mon fils aîné Arezki. Je ne l'ai pas reconnu tu sais ? Il a tellement grandi en deux années ! - Oui. C'est un adolescent maintenant. Amar se lève : - Veux-tu quelque chose mon frère ? - Non. Je n'ai besoin de rien. Merci. Va prendre quelques heures de repos. Il fait trop froid pour veiller au clair de lune. - Oui. Je vais rejoindre le reste de la famille. Il sortit et Mohand pousse le plat de couscous dans un coin avant de se rallonger. Au bout d'un moment, il se relève et se met à marcher de long en large. Malgré les frissons qui secouaient son corps de temps à autre, il ne pouvait se résigner à se rallonger sur sa paillasse et à s'endormir. Il repense à sa pauvre mère, qui maintenant est liberée de ses maux. Mais ses pensées bifurquèrent vers Ghenima. Si au moins, il la savait chez elle et en toute sécurité. Il boitait encore et sa jambe droite le faisait souffrir. Mohand ne savait plus à quel saint se vouer. Trop d'évènements s'étaient succédé ces derniers temps et à une vitesse incroyable. Va-t-il rester ainsi à se farcir le crâne d'idées obscures et illogiques, ou bien doit-il se résigner et reconnaître que Ghenima ne pouvait être sienne et qu'il devrait plutôt penser à prendre sa vie en charge, et suivre son destin. Peut-être partira-t-il avec Amar son frère aîné en France, puisque son père ne pouvait plus travailler et à ce qu'il avait compris, il n'avait plus l'intention de terminer son existence loin des siens. La pluie s'est arrêtée et un vent glacial l'avait remplacée. Mohand se hasarda dehors. Il s'était emmitouflé dans sa couverture et en s'aidant de sa canne, il pu contourner la remise et s'asseoir un moment sous un préau de fortune. Des voix lui parvenaient de la maison. La famille et les voisins veillaient sa mère. Les hommes, réunis dans une chambre, devaient siroter du café ou une tisane, en discutant. La nuit sera longue pour tout le monde. Mohand se prend la tête entre les mains, et se laisse aller. Tristesse, chagrin, amertume… tout se mêlait en lui, l'entraînant dans un labyrinthe sans fin. Il eut envie d'une cigarette tout d'un coup et se rappela qu'il ne les avait pas sur lui. Il retourne dans la remise pour les chercher et se retrouve nez à nez avec Ghenima. (À suivre) Y. H.