Des efforts ont été consentis dans ce sens par les pouvoirs publics mais sans une véritable stratégie La situation de l'industrie, en Algérie, reste encore fragile et de sérieuses menaces la guettent. Le pays s'est complètement désindustrialisé d'autant plus que la part du secteur dans le Produit intérieur brut (PIB) ne dépasse pas les 5%. C'est un taux insignifiant estiment les économistes. Ce qui classe l'Algérie parmi les pays les moins industrialisés dans le monde. Devant ce constat, les pouvoirs publics se sont fixé l'objectif d'élever la part de ce secteur dans le PIB à 10% d'ici à 2014. Cette contribution, faut-il le noter, n'est pas importante en comparaison aux pays similaires à l'Algérie. “Des mesures ont été prises pour tenter de réindustrialiser le pays mais en ciblant les entreprises (EPE) les plus importantes afin de créer un noyau dur”, explique le Dr Salah Mouhoubi, économiste. D'où la sélection de 14 EPE pour une mise à niveau dont une enveloppe de 400 milliards de dinars a été dégagée. Il a été, également, décidé de ranimer le secteur des textiles et de la confection en lui allouant un montant d'environ 200 milliards de dinars. à cela, s'ajoutent d'autres actions telles que la création d'un Fonds national d'investissement, la mise à niveau des PME/PMI, la naissance de 100 000 PME et la dotation de l'industrie d'un budget de 2 000 milliards de dinars, dans le cadre du programme 2010-2014. “Il y a eu des efforts sensibles des pouvoirs publics mais cela a été fait sans une véritable stratégie”, relève le Dr Mouhoubi. Cet expert financier soutient que la formule 51%/49% n'encourage pas les investissements directs étrangers (IDE). Il en veut pour preuve le nombre d'IDE qui ne cesse de diminuer. “Or, sans les IDE, l'Algérie ne peut construire une économie densifiée, diversifiée hors hydrocarbures et compétitive, c'est-à-dire pleinement intégrée dans la mondialisation”, souligne-t-il. Quelle est la finalité de cette politique de subventions au profit du secteur industriel ?, s'interroge-t-il. “Dans une économie de marché le secteur public doit être performant et compétitif pour résister à la concurrence internationale”, répond-il. Salah Mouhoubi se demande si l'état ne trouvera pas intérêt en préparant le secteur de l'industrie à sa privatisation. “Car, il n'est pas imaginable que l'on puisse tenir le secteur sous perfusion en permanence grâce à l'embellie financière qui, elle, n'est pas durable”, précise-t-il encore. Ces subventions financées à partir des revenus des hydrocarbures, affirme-t-il, n'ont pas de contrepartie économique, comme l'atteste l'état peu enviable du secteur industriel. Pour lui, il existe une contradiction puisque, d'un côté, les pouvoirs publics veulent revivifier le secteur des textiles et, d'un autre, on encourage l'importation de la friperie ! Face à un tel constat, l'économiste avoue que l'Algérie doit savoir ce qu'elle veut faire en matière d'industrie. Il faut cibler, propose-t-il, les secteurs à prendre en charge en priorité. “L'agroalimentaire est tout destiné à faire partie des créneaux les plus prioritaires”, indique le Dr Mouhoubi. Si l'état veut développer son industrie, note-t-il, il doit se doter d'une vision, d'une stratégie et d'une feuille de route. “Il faut une cohérence dans les objectifs recherchés, encourager l'acte d'investir, lever toutes les entraves à l'image de la formule 51%/49%, inciter les opérateurs à l'exportation et non à l'importation, et imposer une régulation afin de faire respecter les lois de la concurrence et la lutte contre l'informel”, suggère l'expert. Sur un autre registre, l'état doit réformer et moderniser son système bancaire pour permettre l'émergence d'un marché financier qui demeure la voie privilégiée de financement dans une économie de marché. Par ailleurs, l'état doit assurer un minimum de protection de l'économie nationale, notamment les industries renaissantes, comme le font tous les pays développés. “Le développement de l'industrie dans notre pays est non seulement une ambition mais aussi une nécessité vitale afin d'élargir les sources créatrices de richesses", propose-t-il.