RESUME : Belkacem reprend son périple, en ayant l'impression d'avoir vécu hors du temps. Le regard limpide de Hawa revenait sans cesse devant ses yeux. Il en avait été jusqu'à oublier le but de son voyage. Mais il comprit finalement que sa sœur n'avait peut-être jamais quitté le village. 79eme partie Il sentait au fond de lui renaître une profonde confiance. Ghenima n'avait pas quitté le village. Elle est terrée quelque part. La peur d'être à la merci d'un homme comme Aïssa avait fini par la dénuer de toute raison. Belkacem retourne sur ses pas. La nuit commençait à étendre son voile ténébreux, mais le jeune homme qui hâtait le pas, retrouvait facilement ses repères. Dans quelques heures, il sera chez-lui. Il repense tout à coup à son frère. Mokrane s'était-il enfin décidé à reprendre ses esprits. Et si c'était le cas, avait-il appris pour Ghenima ? Il espérait que non, car les réactions irréflechies de son frère étaient imprévisibles. Il presse davantage le pas et se retrouve bientôt au milieu de la forêt. Les bêtes flairaient sa présence et se rapprochaient de lui. Il allume alors une torche pour les éloigner et reprenD son chemin. Il faisait un froid de canard et Belkacem ne sentait plus ses jambes. Il tente tant bien que mal de se frayer un chemin à travers les détours ténébreux de la forêt. Il faisait un noir d'encre et même les quelques lapins qui traversaient d'habitude les buissons à la recherche de la nourriture s'étaient confinés dans leurs terriers. Vers le milieu de la nuit, Belkacem qui ne tenait plus sur ses pieds entrevit les contours de son village au loin. Certes, il avait encore du chemin à faire, mais la distance se rétrécissait au fur et à mesure qu'il avançait. Il arrive au bas de la colline et tenta d'escalader le sentier. Mais ses forces le trahirent. Il cru entendre alors des voix qui parvenaient de la forge de Mohand, il se dit qu'il ferait mieux de s'arrêter un moment pour se réchauffer et reprendre son souffle. C'est un homme affamé et frigorifié, qui frappa à la porte de la grange quelques instants plus tard. Da Kaci avait erré toute la journée à travers les ruelles du village. Il était triste et en même temps furieux. Ghenima était sa fille unique et il avait espéré un meilleur parti pour elle. Mais… (il sentit la colère le gagner) il s'était fait avoir par ce chenapan de Aïssa. Toute la journée, il s'était gardé de se montrer sur la placette. Personne ne devrait le voir dans cet état ou l'interroger. Personne n'était encore au courant de la fugue de Ghenima. Mais un seul regard pouvait trahir son émoi. Il avait entrevu Aïssa, qui, assis à une table au café, discutait et riait avec quelques villageois. Mais à vrai dire, depuis cette triste histoire de son mariage avec une femme de l'âge de sa petite fille, la plupart des gens l'avaient pris en grippe. Même ceux qui faisaient mine de sympathiser avec lui, ne le faisaient que par respect pour son âge, ou encore pire, par hypocrisie. Da Kaci l'avait évité. Il s'était mis à marcher sans but et jetait parfois des regards à travers les buissons et les courettes. Sait-on jamais… ? Ghenima est peut-être allée se réfugier chez une voisine ou une de leurs proches parentes. Il prend une longue inspiration et se met à espérer que s'était le cas. Il se promet secrètement de revoir ce mariage de malheur. Il saura au moment opportun comment remettre les pendules à l'heure. Tant pis. Cela va peut-être lui porter un préjudice moral, mais au fil des temps, cette histoire ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Une mauvaise blague que l'on évoquera entre deux éclats de rire. (À suivre) Y. H.