Vous, vous recueillant sur la tombe de l'ayatollah Khomeiny ! Vous, déposant une gerbe de fleurs sur sa tombe ! Monsieur le Président, ces deux gestes de votre part, nous les considérons comme plus qu'une provocation, une insulte, pour ne pas parler de trahison. Il nous revient à l'esprit votre réaction excessive lorsque des journalistes algériens se sont rendus en Israël pour des reportages. Ce jour-là, Monsieur le Président, vous n'aviez pas hésité à déchaîner votre colère contre eux. Vous les aviez lynchés, traités de traîtres à la nation et vous les aviez livrés à la vindicte populaire. Ces journalistes étaient tellement choqués par votre attitude qu'ils avaient eu peur d'être déchus de leur nationalité. Pourtant, il n'est pas interdit à un citoyen algérien de se rendre en Israël. Encore moins à un journaliste dans l'exercice de ses fonctions. Comme il n'est pas interdit à un président algérien de serrer la main à un Premier ministre israélien comme vous l'aviez fait au mois de juillet 1999, lors des obsèques du roi du Maroc, Hassan II. Ce jour-là, Monsieur le Président, tout le monde avait salué votre geste. Parce qu'il symbolisait la tolérance, l'ouverture et la volonté de s'engager sur le chemin de la paix. L'amitié et la paix entre les peuples, nous y croyons. Autant avec les Iraniens, les Israéliens qu'avec tous les autres peuples. Mais aujourd'hui, nous ne pouvons pas saluer et applaudir votre geste. Nous ne pouvons que le désapprouver, pour ne pas dire plus. Pourquoi ? Parce que l'idéologie prônée par Khomeiny n'est pas notre modèle de société. Il ne peut être notre modèle de société. Parce que le nom de cet homme a toujours été associé à l'intolérance, à l'exclusion et à l'obscurantisme. Au nom de l'islam, Khomeiny a soumis son peuple à la régression. Et c'est au nom de cet islam, qui n'est pas le nôtre et qui ne peut être le nôtre, qu'il a exporté sa révolution fascisante en Algérie. Souvenez-vous, Monsieur Bouteflika ! Lorsque l'Algérie était en proie au terrorisme islamiste, les Algériens sortaient dans les rues pour affirmer qu'Alger n'est pas et ne sera jamais Téhéran. Si vous avez perdu la mémoire, le peuple algérien n'est pas amnésique. La République algérienne a rompu ses relations avec l'Iran parce que ses décideurs possédaient et possèdent encore les preuves que les dirigeants de ce pays avaient fomenté un complot contre l'Algérie. Combien de terroristes ayant semé la terreur dans notre pays étaient financés, entraînés, embrigadés et soutenus par des dirigeants iraniens ? Ils sont légion. Ne vous en déplaise Monsieur Bouteflika, ces légions de terroristes ont été décimées. Ils le seront encore davantage demain. Et leur projet de société, leur modèle de société, celui que prônait Khomeiny, est voué à l'échec. En vous recueillant sur la tombe de Khomeiny, Monsieur Bouteflika, vous avez insulté la mémoire de ces hommes et de ces femmes qui ont été assassinés par tous ces terroristes qui se réclament de cette révolution que prônait cet imam. Vous insultez le combat de tous les patriotes algériens qui sont convaincus que le modèle iranien n'est pas celui souhaité en Algérie. Vous avez foulé au pied cette résistance qui a permis à ce pays de rester debout. Les Algériens n'ont pas oublié. Ils n'oublieront pas votre geste. Il est de trop, Monsieur Bouteflika ! F. A.