L'opération a porté ses fruits : la majorité des citoyens sont sensibles au contenu de son slogan. “Tout ce qui vient de l'étranger est forcément de meilleure qualité.” Ce réflexe, hérité de 30 années de dirigisme économique, semble avoir perdu de pertinence. Les résultats de l'enquête de la campagne “Consommons national”, rendus publics, hier, par le Forum des chefs d'entreprises, lors d'une conférence de presse organisée au niveau de la Safex, indiquent que la campagne lancée il y a un peu plus de dix mois, a frappé les esprits des consommateurs algériens. Sur les 2 498 personnes âgées de 15 ans et plus, touchées par l'enquête réalisée par le bureau d'études Imar-Maghreb, deux tiers déclarent que la campagne leur a donné envie d'acheter local. Une série de questions leur a été posée, du genre : “quelle est votre appréciation de cette publicité ?”, “Quelle est l'idée principale véhiculée par cette publicité ?”, “Qu'est-ce qui a été dit dans cette publicité ?”, “Avez-vous aimé cette publicité ?”, “Est-ce que cette publicité vous a donné envie de consommer national ?” Les chiffres avancés révélés par l'enquête ont de quoi surprendre plus d'un. Ils auront, au moins, donné raison au Forum des chefs d'entreprise, d'avoir lancé la campagne, en attendant que les pouvoirs publics le fassent à leur tour. 49,1% des sondés affirment avoir vu cette publicité à la télévision nationale, 20% répondent avoir entendu à la radio les spots de cette publicité. 78,5% ont déclaré avoir aimé cette publicité diffusée par le télévision. Pour la radio, le taux est de 82%. 67,5% de ceux qui ont vu la publicité à la télévision, la juge “très bonne” et 18% la trouve “assez bonne”. 67,4% ont bien compris le message. Pour eux, l'idée principale véhiculée par la publicité est d'inciter à acheter local. Le slogan “Consommer algérien, c'est préserver l'avenir de nos enfants”, a fait mouche dans l'esprit des consommateurs. Ce slogan a été très bien assimilé. à la question, qu'est-ce qui a été dit dans cette publicité ? 43,1% ont retenu le slogan “Nechri selaât bladi, bache nedhmen moustaqbel aouladi” (J'achète le produit de mon pays pour préserver l'avenir de mes enfants). 22% ont retenu “selaât bladi” (la production de mon pays). L'intention d'achat du produit local se manifeste d'une façon très positive. Deux tiers des Algériens préfèrent consommer national. 76% affirment que cette publicité leur a donné envie d'acheter local. 60,3% ont exprimé leur intention d'acheter local. En extrapolant, c'est plus de 14 millions d'Algériens de 15 ans et plus qui se rappellent avoir vu ou entendu la publicité “Made in bladi”. 13,6 millions l'ont aimée. 13,1 millions l'ont jugée utile. Le message du Forum des chefs d'entreprise pourrait se résumer ainsi : quant l'Algérien achète national, il contribue à promouvoir l'emploi et donc à résorber le chômage. Quand il achète un produit importé, au contraire, il favorise l'emploi dans le pays d'origine du produit. Cette formule peut rappeler la période de l'économie administrée. Mais, le Forum n'invite pas à consommer coûte que coûte le produit local, même s'il est de piètre qualité. Le message vise à délester l'Algérien d'un certain complexe ancré, qui considère que ce qui est importé est nécessairement meilleur. L'image globale que renvoie l'évaluation de la campagne “Consommons national” dont les résultats ont été présentés, hier, par les responsables du forum des chefs d'entreprise, montre la justesse de l'approche choisi par le Forum, à travers l'accueil favorable réservé par le consommateur algérien au message “consommons national”. D'ores et déjà, le forum a décidé de poursuivre la campagne qui, de son point de vue, peut porter réellement les fruits qui en sont attendus, doit s'étaler sur plusieurs années, mais cette campagne s'est révélée coûteuse. On avance un chiffre de 22 millions de DA, qui ont été déjà dépensés sur les ressources propres du forum des chefs d'entreprises. Elle aurait pu coûter plus de 40 millions de DA, si les pouvoirs publics, à travers la télévision, n'ont pas mis la main à la pâte. Le Forum des chefs d'entreprise souhaite tout de même que les pouvoirs publics s'associent plus activement dans la promotion du message d'une campagne qui, faut-il le rappeler, est strictement une campagne d'intérêt collectif. M. R.