Les résultats partiels de l'enquête sur le sujet ont été communiqués. “Tout ce qui vient de l'étranger est forcément de meilleure qualité”, ce réflexe, hérité de 30 années de dirigisme économique, semble avoir perdu de pertinence. Les résultats partiels de l'enquête de la campagne “Consommer national”, rendus publics, hier, lors d'une conférence-débat organisée par la fondation Friedrich-Ebert, indiquent que la campagne lancée par le Forum des chefs d'entreprise a frappé les esprits des consommateurs algériens. Sur les 2 498 personnes touchées par l'enquête réalisée par le bureau d'études Imar-Maghreb, deux tiers déclarent que la campagne leur a donné l'envie d'acheter local. Le slogan “Consommer algérien c'est préserver l'avenir de nos enfants” a fait mouche dans l'esprit des consommateurs. Ce slogan, nous dit la représentante du bureau d'études, a été très bien assimilé. “L'intention d'achat du produit local se manifeste d'une façon très positive”, souligne, pour sa part, M. Réda Hamiani, vice-président du Forum des chefs d'entreprise. Cette première évaluation semble donner raison à l'organisation que préside Omar Ramdane. Le message du Forum des chefs d'entreprise pourrait se résumer ainsi : quant l'Algérien achète national, il contribue à promouvoir l'emploi et donc à résorber le chômage. Quand il achète un produit importé, au contraire, il favorise l'emploi dans le pays d'origine du produit. Cette formule peut rappeler la période de l'économie administrée. Mais, le Forum n'invite pas à consommer coûte que coûte le produit local, même s'il est de piètre qualité. Le message vise à délester l'Algérien d'un certain complexe ancré, qui considère que ce qui est importé est nécessairement meilleur. Le message vise, se faisant, à favoriser les produits des entreprises locales qui ont fait des efforts sur le plan de la qualité et des prix. Amer Yahia, consultant et expert des questions industrielles, a raison de dire que la campagne “Consommer national”, même si elle s'adresse au consommateur algérien, interpelle aussi le producteur, l'industriel, pour offrir justement un produit de qualité et à un prix concurrentiel. Car, reconnaît-on, “la production algérienne est médiocre et coûteuse”. Pour l'heure, l'impact de la campagne sur l'entreprise n'a pas été évalué. Sur le plan des importations aussi, les chiffres n'ont pas été communiqués pour faire la comparaison. “Nous avons demandé ces statistiques”, souligne Hamiani. Mais sur le plan des intentions, globalement, “la campagne est bien perçue” par les consommateurs. Hamiani affirme que plus de 20 millions de dinars ont été engagés. Une foire de la production nationale sera organisée fin octobre. Au cours de cette manifestation, les entreprises feront un effort sur les prix. En d'autres termes, elles baisseront les prix de leurs produits. Le débat a largement débordé du cadre de la campagne “Consommer national”. La politique de mise à niveau, l'OMC, l'accord d'association avec l'Union européenne, toutes ces questions qui interpellent directement l'entreprise algérienne ont été soulevées. M. R.