La position des cheikhs de zaouïa des différentes régions du pays sur la prochaine échéance présidentielle est loin d'être consensuelle. Ces cheikhs donnent l'air de ne pas savoir sur quel pied danser. Se contenteront-ils de se consacrer entièrement à la mission originelle de leurs institutions religieuses, à savoir répandre la parole de Dieu, ou s'aligneront-ils sur un terrain aussi glissant que celui du politique pour couvrir de leur bénédiction un candidat pour la prochaine présidentielle ? Officiellement, la question n'est pas encore tranchée. Officiellement aussi, les zaouïas ne font pas de politique. Principe réaffirmé, hier, par les dirigeants de l'Association nationale des zaouïas d'Algérie, à l'occasion de l'inauguration de son siège national. Inauguration “boudée” par les officiels. Même le ministre des Affaires religieuses n'a pas marqué de sa présence cet événement. Dans son allocution d'ouverture, le vice-président de l'Association, le cheikh Ben Damous Mohamed Belkacem, a précisé : “L'objectif de l'Association est d'unifier toutes les zaouïas d'Algérie sans exclusive et sans exclusion.” Actuellement, elle a sous sa bannière la majorité des zaouïas et une dizaine de confréries. Pour lui, les cheikhs qui ont exprimé leur allégeance au président de la République “l'ont fait au nom de leurs seules zaouïas. Ce qui n'engage en rien l'Association qui est à caractère de bienfaisance”. Autrement dit, l'Association “est indépendante de toute chapelle et ne fait pas de politique”. Sans le savoir, il s'est contredit en soutenant que “la position officielle de l'Association ne peut être exprimée que par son président”. Ce qui veut dire que l'Association pourrait avoir une position sur cette question. Certains cheikhs de zaouïa, comme celui d'El-Azharia de Djelfa, M. Belaïssaoui, et quinze autres dans la même wilaya n'ont pas fait mystère de leur allégeance à Bouteflika. Cheikh Belaïssaoui persiste et signe : “Nous avons déclaré notre soutien à la candidature du président Bouteflika et nous le soutenons toujours.” Pour sa part, cheikh El-Habri Ahmed, président du bureau d'Oran de l'Association, dit attendre la diffusion des programmes des candidats pour se prononcer. Le choix se fera conformément à des critères bien déterminés. Lesquels ? Le Président devra savoir parler pour mieux représenter le pays dans le concert des nations, il doit être un bon diplomate, etc. Même son de cloche du côté du cheikh de la zaouïa Al-Chaâllal Edarqaouia de Sougueur (Tiaret) qui soutient : “On a tranché en faveur de celui qui est le bien pour le pays.” Qui ? Motus et bouche cousue. Pour leur part, les cheikhs des zaouïas de Bordj Bou-Arréridj et de Tizi Ouzou déclarent ne pas faire de la politique et préfèrent s'en tenir à la seule position officielle de l'Association. Une position officielle, quelque peu timorée, qui risque de changer dans les prochains jours, à mesure que la présidentielle approche. Le siège inauguré, hier, un ancien couvent des sœurs blanches, est un bien du ministère des Transports, restauré grâce aux dons et à l'argent des zaouïas. Ses dirigeants disent ne pas avoir reçu un seul centime des autorités. Sauf peut-être le siège. Ce qui n'est pas peu de chose. Notons que le président de l'Association, M. Abdelkader Bouaïche, s'est refusé à toute déclaration à la presse. A. C.