Abstraction faite de son contenu, le Coran est un livre qui remonte au VIIe siècle. L'étude de l'origine de ce livre implique nécessairement une analyse historique des conditions dans lesquelles il a été conservé et transmis jusqu'à nos jours, afin d'évaluer son degré d'authenticité. Voici l'historique du texte coranique sur lequel s'accordent les différentes sources de traditions islamiques. 1. Le Coran à l'époque du prophète Muhammad La révélation du Coran n'a pas eu lieu d'un coup et s'est écoulée sur 23 années par fragment.Par quel procédé le Prophète mémorisait-il les textes ? Par la mémoire :«N'agite pas ta langue dans ta hâte de réciter le Coran ; C'est à Nous qu'il appartient de l'incarner en toi et d'en composer un Livre» (Coran 75/16-17). Ibn Abbas a dit «une fois que le Messager de Dieu recevait la révélation, il éprouvait une certaine peine et on constatait ce fait en le voyant remuer ses lèvres et sa langue dès le début pour ne pas l'oublier». Dès qu'il recevait une révélation, il la mémorisait, d'abord, en présence de l'ange Jibrîl (Gabriel), puis il en faisait, tout de suite, part aux compagnons dont beaucoup se penchaient sur sa mémorisation. D'autant plus qu'il faisait appel à des scribes (29 compagnons s'était relayés sur cette tâche) pour leur dicter la nouvelle révélation. Il leur demandait, enfin, de lire ce qu'ils avaient noté, afin de corriger les fautes éventuelles de ces copistes. «l'Ange Gabriel rendait visite au Prophète afin de contrôler la récitation.» Tous les ans, Jibrîl (l'Ange Gabriel) rendait visite au Prophète afin de contrôler la récitation du Coran et s'assurer de sa conformité. Le dernier Ramadhan du vivant du Prophète, Gabriel lui a rendu visite à deux reprises pour effectuer la même mission. A la mort du Prophète, le Coran était compilé en une œuvre, écrit en totalité sur des supports divers et épars (pierre, feuille de palmier, cuivre, os de bête mort, peau séchée). Les textes étant structurés de manière anachronique, il était plus pratique de classer les versets par support distinct afin de s'y retrouver beaucoup plus facilement. Le prophète lui-même n'a pas utilisé cette méthode d'archivage (non parce qu'il n'y avait pas pensé) parce qu'il n'en a pas eu le temps. En effet, le moment qui s'est écoulé entre la dernière révélation et la mort du Prophète était extrêmement court. 2. Le Coran à l'époque du premier Calife Abou Bakr (632-634/11-13 H.) La mort de nombreux compagnons connaissant le Coran par cœur lors des «Houroûb ar-ridda» (batailles de l'anathème) qui avaient éclaté dès le début du règne du calife Abou Bakr a poussé 'Omar à proposer au Calife de rassembler le Coran en un livre qui servira de «référence», afin d'éviter sa disparition (alors même que Dieu a promis que le Livre sera éternel !). Le Calife confia donc la tâche à un jeune compagnon Zayd ibn Thâbit qui était, à la fois, l'un des scribes et l'un de ceux qui avaient mémorisé le Coran en entier. Il lui fixa également la méthode de travail suivante : Vérifier, pour chaque document écrit, s'il a été bel et bien écrit en présence du Prophète. Et ce, en demandant la confirmation de deux témoins oculaires. Faute de quoi, le document ne peut être retenu comme base pour le recopiage du Coran Confronter l'écrit, reconnu valable, avec la mémorisation de ceux qui connaissaient le mieux le Coran par cœur (al-Qourrâ). Un an plus tard, environ, Zayd remis le fruit de son travail au Calife. Une copie assemblée sur des feuillets va être gardée par les califes successifs (Abou Bakr, puis 'Omar). A la mort de ce dernier, en 643 / 23 H. (12 ans après la mort du Prophète, le calife qui allait succéder n'étant pas encore choisi, Omar demanda que la copie soit remise à sa fille et veuve du Prophète Hafça .