Avec un new look, ce lieu d'échange et de discussions propose, jusqu'au 27 du mois, un programme étoffé. Lors de la soirée d'ouverture, trois étapes ont été marquées : un hommage à Noureddine Saoudi, une performance chorégraphique et des extraits de la pièce théâtrale Habil wa Habil. Pour la troisième année consécutive, Hmida Ayachi, directeur de la publication du quotidien Djazaïr News, transforme sa librairie en un espace culturel, où tous les arts sont représentés. Du cinéma au théâtre, en passant par la littérature et les arts plastiques, allant même jusqu'à la politique, l'espace des Mille et Une News, est devenu, année après année, un lieu de débat et une tribune d'expression pour les artistes des plus confirmés aux jeunes talents. Avant-hier soir, c'était la soirée inaugurale, le lancement d'une troisième saison, d'une troisième édition, avec un programme étoffé et des personnalités importantes qui se succèderont dans ce lieu jusqu'au 27 août prochain. La grande nouveauté de cette année est le réaménagement de cet espace, qui est devenu un véritable petit théâtre avec des gradins pliables et une scène. Un new look ! Dans son discours de bienvenue, Hmida Ayachi a rappelé que l'objectif principal derrière la création des Mille et Une News était d'offrir un espace de débats et d'échange. Place ensuite à une performance chorégraphique signée Slimane Habes et dispensée par la danseuse Khadidja Guemiri. Avec agilité et souplesse, Khadidja, qui a également écrit le texte qu'elle a déclamé entre quelques pas de danse, a réussi à capter l'attention des nombreux présents, parmi lesquels figuraient des noms importants de la scène culturelle et sociale, notamment le comédien Mustapha Ayad, le directeur du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès, Hassan Assous, le directeur du théâtre El-Moudja, Djillali Boudjemaa, le commissaire du Festival international du théâtre d'Alger, Brahim Noual, ou encore le commissaire du Festival national du film amazigh, Si El-Hachemi Assad, ainsi que Mokhtar Bourouina, P/APC de Sidi M'hamed, également auteur. Après la danse, place à un hommage à Noureddine Saoudi, qui collectionne les casquettes (musicien, compositeur, interprète, chercheur au CNRPAH). Fatma Baroudi, la co-présentatrice de la soirée (avec Saïd Hamoudi, journaliste et poète) a dressé, en quelques mots, le portrait de Noureddine Saoudi, avant de proposer aux spectateurs une projection d'une dizaine de minutes d'un documentaire-reportage sur l'auteur de la Nouba Dziria, réalisé par Manel Bellala, une étudiante en journalisme. Entre Beckett et Artaud, la plume de Hmida Ayachi balance ! Le clou de la soirée est la représentation de quelques extraits de la pièce Habil wa Habil. Ecrite par Hmida Ayachi et mise en scène par Azeddine Abbar, la pièce, qui date de 1997, a été interprétée par Niddal El-Mellouhi et Abdelkader Berrah. Habil wa Habil, qui place son spectateur dans une situation d'inconfort et de malaise, met en scène deux protagonistes : le Comédien et un évadé de prison. Ils sont coincés dans un trou, espèrent en sortir, certes, mais ceci n'est pas leur principal préoccupation. À coups de réminiscences, les deux hommes se remémorent leur passé par fragments. Et quelques pistes de réflexion s'offrent aux spectateurs. Si le Comédien déchu a cédé à la folie, le bagnard résiste, il cherche à comprendre pourquoi il a tué la femme d'un haut fonctionnaire chez lequel il était en service, pourquoi il a perdu sept années de sa vie derrière les barreaux. Il cherche du sens dans l'espace neutre qu'est le trou. La pièce s'inspire du théâtre artaudien de la cruauté, et du théâtre de l'Absurde. Avec les deux hommes, on pense à Samuel Beckett, et surtout à sa pièce En attendant Godot. Les deux personnages nous font penser à ceux de la pièce de Beckett : Vladimir et Estragon. Comme pour ces deux derniers, la chaussure (symbolique du pouvoir) occupe une place importante dans la pièce ; et le Comédien parle souvent d'un certain Beriacco (comme le fameux Godot dont tout le monde parle et qu'on ne voit jamais). En outre, Habil wa Habil nous renvoie à la pièce Noun (2008), un autre texte écrit par Hmida Ayachi. Noun semble être la suite de Habil wa Habil, qui développe une réflexion sur le pouvoir et sur le châtiment. Le mysticisme de l'auteur est largement apparent dans son texte avec, notamment, l'omniprésence du chiffre sept (une portée mystique), ou encore la transe (un exutoire). La musique est venue compléter le propos avec de savoureuses et envoûtantes notes de goumbri. Ce qui est frustrant, cependant, est qu'il n'ait été donné à voir que quelques extraits de cette pièce au thème d'une brûlante actualité.