L'Algérie souffre d'un déficit important en matière d'offre foncière, l'empêchant de réaliser ses programmes de logements et autres infrastructures liées à son développement. Le Collège national des experts architectes (Cnea) tente de lancer une réflexion dans ce sens. Son président, M. Abdelhamid Boudaoud, s'interroge sur le fait que notre pays qui dispose d'une superficie évaluée à 2,3 millions de km2, le plus spacieux d'Afrique suite à la scission du Soudan, puisse rencontrer des problèmes fonciers en sachant que 95% du territoire national sont vides, à cause d'un déséquilibre dans le rapport campagne-ville. M. Boudaoud souligne que le secteur de la construction fait partie de tout un ensemble “économique, social, démographique, juridique, culturel… dont le moteur essentiel est l'aménagement rigoureux du territoire national d'une part, et la prise en charge efficace et rapide par les domaines et les conservations foncières de l'aspect juridique de tous les terrains que compte le pays, d'autre part”. Le président du Cnea propose l'idée de la tenue d'assises du foncier. “Les assises nationales du foncier sont d'autant plus importantes et urgentes qu'il y va de l'avenir du développement durable économique dans son ensemble et surtout du secteur du logement”, relève-t-il. Ces assises visent à identifier les vrais problèmes à tous les niveaux. Les textes ne suffisent pas, ces rencontres “touchent du doigt les vrais problèmes du citoyen et règlent une fois pour toute le problème de l'habitat”, précise-t-il. Compte tenu de l'exode rural et de l'urbanisme sauvage des villes, la demande est concentrée essentiellement au niveau des principales grandes villes du nord du pays. En avril 2008, les statistiques de l'ONS ont révélé 1,5 million de logements inoccupés. “Ceci confirme que le problème ne se situe pas au niveau du nombre de logements disponibles mais il a plutôt un lien avec le niveau social, petites bourses, et l'absence totale d'une stratégie attrayante en matière de location telle que cela existe au niveau de tous les pays du monde”, constate Abdelhamid Boudaoud. Ce qui a poussé l'Etat à se pencher vers les catégories les plus défavorisées en plaçant actuellement le logement social parmi ses grandes priorités. “Un budget considérable est dégagé pour réaliser des projets ambitieux. Reste à savoir néanmoins, si nous ne sommes pas en train de reconduire les mêmes erreurs du passé en maintenant un déséquilibre régional et sectoriel au détriment de la campagne et du petit échelon de la commune ?”, s'interroge encore cet architecte. Il réitère que sans une stratégie harmonieuse en matière d'aménagement national, la réussite de cette opération (logement social) et de ces objectifs ne seraient pas garanties. Il en veut pour preuve l'accélération de l'urbanisme non maîtrisé qui a eu pour conséquence un déséquilibre du marché du logement.