La pièce, Galat El Iyem, a été présentée vendredi dernier au Théâtre régional de Batna. Adaptée d'après l'œuvre Topaze de Marcel Pagnol par Ahmed Hammoumi, et mise en scène par Yahia Ben Amar, Galat El Iyem est une production de Club des perles, section des arts dramatiques de Sidi Bel-Abbès. Elle a été interprétée par dix comédiens, et se veut être un véritable procès de l'argent et des maux qu'il engendre, comme nous explique un membre de la troupe. La pièce raconte l'histoire d'un professeur : Topaze, d'une intégrité morale exemplaire qui est congédié parce qu'il refuse de falsifier le bulletin scolaire du dernier de la classe, unique rejeton d'un riche dénommé Fahd. Tout de suite après, il est engagé par Chacal : un homme véreux qui va détourner des fonds publics au nom de Topaze. Terrifié mais aussi indigné par les opérations malhonnêtes auxquelles il est associé, Topaze finit par comprendre que le monde dans lequel il vit n'est pas celui des proverbes lénifiants qu'il enseignait autrefois. Il devient peu à peu, à son tour, mais avec plus d'intelligence et d'esprit d'entreprise, véreux et malhonnête. Devenu riche et puissant, Topaze trouvera bien désuète la morale qu'il enseignait. Le petit professeur de morale s'est mué en une espèce de surhomme. Le bien et le mal n'existent plus pour lui : ce sont des noms pour les faibles. Il ne connaît plus que la force, la volonté de puissance, la satisfaction des instincts. Cette comédie de mœurs a été réduite en deux actes au lieu de quatre actes comme a été divisée la version originale de Topaze. Dans le premier acte, le metteur en scène et scénographe Yahia Ben Amar peint des enseignants attachés à des valeurs surannées ; et dans le deuxième, la jungle de la société bourgeoise et le capitalisme. Le tout est joué sur un tapis rouge et dans un décor dépouillé. La pièce est un véritable contre-pied, elle veut nous ouvrir les yeux sur ce monde de justice immanente (punition des méchants, récompense des bons), sur les hommes qui ne sont pas bons et sur la société, qui est une terre injuste où triomphe le mal et où les loups mangent les moutons. Le metteur en scène a utilisé l'arme de l'ironie pour dénoncer et condamner sans appel l'argent du matérialisme, de l'inégalité sociale et de la corruption politique. La pièce a bien fait rire le public, mais a-t-elle été comprise? C'est la question qui reste posée.