Les syndicalistes estiment que tout dialogue doit impérativement passer par le CLA et le Cnapest. En attendant, le mouvement de protestation prend de l'ampleur même si, pour le moment, l'idée de l'année blanche est exclue. Les décisions prises par le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, comme l'installation des ateliers de travail, la levée des sanctions, n'ont pas mis fin à la grogne des enseignants, puisque les deux organisations syndicales à savoir le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), ont décidé de poursuivre le mouvement de grève. En effet, les deux Conseils ont appelé à un débrayage ouvert jusqu'au 31 octobre et qui sera reconduit chaque semaine, jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. “Les sanctions ne me font pas peur, je n'ai plus rien à perdre”, a déclaré le délégué du Cnapest de la wilaya de Sétif, qui a ajouté : “Nous avons demandé à dialoguer avec le ministre de l'Education pour débattre de nos revendications. Mais, comme rien n'a été fait, nous maintenons notre position et nous poursuivons la grève.” Par ailleurs, le CLA et le Cnapest rappellent à leur tutelle leur attachement aux trois revendications majeures : augmentation de salaire à 100%, statut particulier de l'enseignant du secondaire et retraite après 25 ans de service. Hier, à la troisième semaine du mouvement de débrayage, l'appel a été largement suivi. Dans certaines wilayas, et selon les représentants des deux Conseils, le taux de suivi a atteint les 90%, notamment dans l'Algérois. Les lycées de la capitale étaient paralysés. Les professeurs du secondaire se sont présentés à leurs établissements, comme à chaque grève, mais les classes ont été désertées. “Plusieurs enseignants ont rejoint la protestation, nous avons décidé de continuer notre combat, jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. Nous signalons que nous bataillons également pour la liberté syndicale et la reconnaissance de nos Conseils”, déclare R. Osmane, secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger, qui ajoute : “Nous multiplions nos actions jusqu'à ce que le ministre accepte de dialoguer avec le CLA.” Il est à signaler qu'hier, des représentants de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (Fnte) se sont rapprochés des enseignants grévistes pour faire la médiation entre eux et le ministère de l'Education. Le Conseil des lycées d'Alger considère que tout dialogue ou négociation doit passer avant tout par les deux organisations (CLA et Cnapest) qui sont les seuls représentants des professeurs grévistes sur le terrain. Par ailleurs, R. Osmane a exclu l'idée de l'année blanche. Nabila Afroun le mouvement s'élargit À TIZI OUZOU Les établissements des trois paliers paralysés “Nous irons jusqu'au bout.” Paroles d'enseignants. Ils persistent et signent : “Pas de reprise avant la satisfaction de nos revendications.” Hier encore, leur mouvement de grève a paralysé les établissements scolaires de la wilaya, tous paliers confondus. Pour une fois, le Cnapest et le Sete (Fnte) ont, involontairement, fait cause commune pour revendiquer l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle. Pour le premier syndicat, il s'agit de l'augmentation des salaires de 100%, la diminution de l'âge de départ à la retraite à 25 ans de travail et la mise en place d'un statut particulier de l'enseignant. Le Sete réclame pratiquement la même chose tout en insistant sur le règlement des arriérés de salaire. Près de 400 travailleurs n'ont pas perçu leur paie du mois de septembre. Le secrétaire général de ce syndicat, affilié à l'UGTA, incombe ces retards à la centralisation des versements des salaires au niveau de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. “Nous ne cesserons notre grève qu'une fois les salaires versés. Notre patience a des limites. Que chacun assume ses responsabilités”, avertit M. Aït Hamou. Du côté du Satef, l'heure est toujours à la mobilisation. Dans une déclaration diffusée hier, un appel à une marche unitaire est lancé pour le 30 octobre. À cet effet, le conseil local du Satef invite l'ensemble des travailleurs de l'éducation, affiliés aux différents syndicats, ainsi que les parents d'élèves à participer à la réunion qui aura lieu demain, à Tizi Ouzou. Le Satef brandit quatre revendications : la levée des sanctions à l'encontre des grévistes, le départ des responsables de l'académie de Tizi Ouzou, le retour à la gestion décentralisée des traitements et la prise en charge effective des doléances de toute la famille de l'éducation. A. T. Le débrayage des profs à travers le Pays Constantine Pas de reprise des cours L'appel lancé par le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, invitant les enseignants à rejoindre leurs postes de travail, n'a pas eu l'effet escompté à Constantine. Les enseignants du secondaire poursuivent toujours leur débrayage et ne se sentent nullement concernés par les déclarations de la tutelle. Vu que cette dernière n'a pas associé leur syndicat, le Cnapest, au round de négociations entreprises, récemment, avec plusieurs représentations syndicales, à l'exemple de la FNTE et l'Unpef. Les professeurs abordés au niveau de certains établissements dont le technicum Mustapha-Kateb, ou le lycée Toufik-Khaznadar sont pour la poursuite du mouvement de grève jusqu'à l'obtention de gain de cause concernant l'augmentation salariale, l'avancement de l'âge de la retraite. Ils sont plus de 2 000 à observer un débrayage régulier depuis le 23 septembre dernier en dépit des mises en demeure, des mesures conservatoires de suspension et des gels des salaires. Quarante-cinq d'entre eux ont même été poursuivis en justice par la direction de l'éducation au motif d'incitation et de trouble à l'ordre public. Dimanche dernier, la chambre administrative près la cour de Constantine s'est déclaré incompétente à statuer sur cette affaire. “Une victoire” pour tous les grévistes. Cette solidarité, selon l'un des membres du Cnapest, devra se renforcer au sein du corps enseignant, particulièrement sur le plan financier à l'approche du ramadan. La détermination à aller jusqu'au bout de cette action, c'est-à-dire la fin du mois en cours, semble quelque peu altérée chez certains grévistes, qui commencent sérieusement à s'interroger sur l'avenir de ce mouvement, tant la tutelle s'obstine à leur tourner le dos. NAIMA DJEKHAR Tizi Ouzou 22 adhérents du Cnapest convoqués Apparemment, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, le Cnapest, est loin de se plier devant toutes les mesures prises à l'encontre de ses adhérents. En effet, même si le pouvoir, par le biais de son ministre de l'Education nationale, avait déclaré que toutes les poursuites judiciaires et autres sanctions prises à l'encontre des professeurs grévistes seront levées, annonce faite jeudi dernier, sur le terrain, la réalité est tout autre. Hier, au technicum de Draâ El-Mizan, dans la wilaya de Tizi Ouzou, vingt-deux enseignants exerçant dans cet établissement ont reçu des citations à comparaître le 27 octobre devant la cour du tribunal de Tizi Ouzou. “Dans sa requête en référé, la direction de l'éducation de Tizi Ouzou demande aux mis en cause de mettre fin à leur mouvement sous peine d'une astreinte de 5 000 dinars par jour de retard”, écrivent les rédacteurs de la déclaration transmise à notre bureau. D'ailleurs, la réaction du collectif a été rapide. “La direction de l'éducation, habituellement très lente à résoudre les problèmes des enseignants, a réagi en un temps record pour les ester en justice. On aurait aimé cette célérité d'action pour au moins le virement des misérables salaires. Cette démarche à l'image de celle du pouvoir ne fait que renforcer la détermination des enseignants à aller de l'avant pour arracher leurs droits”, écrivent-ils un peu plus loin. À lire le reste du document, il est à dire que les contestataires sont déterminés à aller jusqu'au bout. Car, ajoutent-ils : “Tout recul est une victoire pour le pouvoir, nous n'avons pas le droit à l'échec. Nous sommes condamnés à aller jusqu'au bout.” Par ailleurs, il est à signaler que la plupart des établissements scolaires, primaire et moyen, ont été paralysés, hier, à l'appel à la grève, lancé par le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation, le SETE, affilié à la FNTE. O. GHILÈS