Il y avait des relents de campagne hier au cinéma Sierra-Maestra d'Alger. Une salle presque pleine, bigarrée, des slogans qui tapissent les murs et une ambiance bon enfant. Louisa Hanoune, la porte-parole du PT, qui y réunissait les cadres du Centre de son parti, n'a pas hésité à donner le ton. “Ouvrez le débat, mobilisez les jeunes.” “On doit se préparer à toutes les éventualités”, affirme-t-elle dans son discours, parfois entrecoupé d'applaudissements. Outre l'échéance de la conférence internationale d'urgence “contre les guerres d'occupation, contre l'ingérence et la défense de la souveraineté”, à laquelle le parti s'attelle depuis un moment, Louisa Hanoune entend mobiliser ses troupes pour faire face à des évènements qui peuvent survenir à tout instant. D'abord, elle considère au regard des soubresauts politiques dans la région que l'Algérie, après les précédents libyen et irakien, “n'est pas à l'abri d'une intervention étrangère”. Ensuite, le président de la République peut appeler à des élections législatives anticipées et à l'élection d'une Constituante. Enfin, la situation dans le pays évolue et peut déboucher sur “une crise révolutionnaire”. Si elle trouve que le peuple algérien est “mûr” et “observe intelligemment”, preuve de son refus de suivre l'appel du 17 septembre dernier, elle affirme cependant qu'“il n'a pas encore dit son dernier mot”. “Mais le gouvernement a-t-il assimilé la leçon ?” s'interroge-t-elle. Selon Mme Hanoune, le processus de réformes, engagé depuis quelques mois en Algérie, est “avorté” par les députés. “On enregistre malheureusement que ce processus est hypothéqué. Il y a des contradictions entre les orientations du chef de l'Etat au Conseil des ministres et les positions de certains députés, surtout ceux du FLN”, accuse-t-elle. C'est pourquoi elle interpelle le Président afin qu'il use de ses prérogatives pour faire respecter ses engagements. “L'Algérie est à un carrefour (…) le processus de réformes n'est pas à la hauteur des défis que posent les changements dans la région”, estime-t-elle. Karim Kebir