Lors du workshop sur le cancer du poumon, organisé hier au Sheraton d'Alger, conjointement par l'Association des médecins arabes de lutte contre le cancer (Amaac) et la Société algérienne d'oncologie médicale (Saom), il a été établi que ce type de cancer atteint essentiellement les hommes et, en premier lieu, ceux qui fument plus d'un paquet de cigarettes depuis quinze ans et plus. “25% des adolescents de 13 à 15 ans sont des fumeurs, dans le monde arabe. À l'âge de 30 ans, ils sont déjà exposés au cancer du poumon”, a noté le Dr Sami Khatib, secrétaire général de l'Amaac. Le tabagisme provoque aussi le cancer du larynx, de l'estomac, de la sphère ORL, de la vessie… Mais quand c'est le poumon qui est atteint, les chances de survie sont très minces pour la simple raison que la maladie est découverte, dans 80% des cas selon les spécialistes, aux stades 3 ou 4. En clair, quand la médecine n'y peut plus rien ou très peu. “Si la prise en charge thérapeutique est mise en place tôt, c'est-à-dire la chirurgie associée à un traitement par adjuvant, les chances de survie augmentent sensiblement”, a expliqué le Dr Ameur Karima, chirurgienne thoracique à l'hôpital Mustapha. “Il n'y a pas actuellement de moyens d'exploration fiables pour le dépistage précoce du cancer du poumon”, a attesté le Dr Adda Bounedjar, du centre anticancéreux de Blida. Généralement, c'est fortuitement à l'occasion d'une consultation pour une tout autre pathologie que le cancer du poumon, qui évolue insidieusement sans signes cliniques, est découvert. Si la chance est du côté du patient, la maladie est encore à ses débuts. La chirurgie est alors la première indication. Au stade avancé du cancer du poumon, il n'y a pratiquement rien à faire pour le malade, qui décède dans les douze mois, avec un bon pronostic. “La prévention contre ce type de cancer est dans la lutte antitabac”, a martelé le Dr Bounedjar. “Le tabagisme constitue une épidémie en pleine expansion en Algérie. C'est pourquoi il a appelé au renforcement des moyens de lutte antitabac en impliquant toutes les parties concernées”, a-t-il poursuivi. Actuellement, 3 500 nouveaux cas de cancer de poumon sont recensés, annuellement, en Algérie. Il est classé, dans les pays du nord de l'Afrique, numéro 1 chez l'homme et à la douzième place chez la femme, moins exposée au tabagisme dans cette région du monde. Bien que, selon le Dr Bounedjar, la tendance augmente chez les femmes et les enfants, notamment dans notre pays, à cause des effets du tabagisme passif. Le professeur Kamel Bouzid, président de la Saom, a présenté les nouveaux schémas thérapeutiques et notamment les thérapies ciblées, “qui constituent un véritable espoir pour certains types de cancer, dont celui du poumon”. Un vaccin contre ce cancer, actuellement en phase des essais cliniques, suscite l'intérêt des oncologues et autres praticiens spécialisés. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui a participé au cérémonial de l'ouverture des travaux de la rencontre scientifique, a égrené quelques statistiques sur l'évolution de l'incidence des cancers, toutes formes confondues. Il a ainsi indiqué que l'incidence de la maladie était, en 2002, de 22 772 nouveaux cas chez l'adulte. En 2009, la proportion a augmenté au niveau de 39 713 nouveaux cas, dont plus que la moitié sont des femmes. Selon le premier responsable du secteur, il est attendu qu'en 2012, plus de 43 000 algériens, théoriquement sains en ce moment, seront diagnostiqués avec un cancer. Il a ensuite exposé, de manière très succincte, les sept éléments du plan national de lutte contre le cancer. Souhila Hammadi