De toutes les actions de protestation que le pays connaît depuis plusieurs mois déjà, seules celles des fonctionnaires de la justice n'arrivent pas à faire long feu et sont rapidement avortées. Le département de Belaïz guette les moindres prémices de la protestation et n'hésite pas à recourir aux mutations et autres mesures dissuasives pour corriger les “provocateurs”. Faire barrage à toute tentative d'organisation de son personnel semble être également un élément primordial dans l'opération de contrôle de la fronde. Se structurer au sein d'un syndicat, autonome de surcroît, semble être un risque majeur qu'il faut combattre par tous les moyens. Las d'être traqués et sanctionnés par leur tutelle, les fonctionnaires des différents corps de la justice ont compris qu'il fallait activer sous la double couverture d'un syndicat. C'est-à-dire créer une nouvelle organisation sous l'égide d'un syndicat reconnu et actif sur le terrain. Et c'est à partir de là que les premières démarches en vue de la mise en place d'un syndicat des fonctionnaires de la justice, notamment des greffiers, ont été entreprises avec le Snapap. La coordination a arrêté la date du 3 décembre pour la tenue d'une assemblée générale et la désignation de deux représentants, un homme et une femme, pour chaque cour et tribunal y dépendant. Mais c'était compter sans la grande vigilance de la tutelle et ses stratégies de lutte contre toute révolte. Et pour faire échouer l'adhésion de ses fonctionnaires au nouveau syndical, le département de la Justice est allé jusqu'à prendre en charge l'opération de renouvellement de l'ancien syndicat. “Des fax ont été envoyés aux procureurs généraux des différents tribunaux du pays pour informer leur personnel de la nécessité de désigner le représentant qui prendrait part à la réunion du 26 octobre à l'école des greffes en vue de l'opération de renouvellement de l'ancien syndicat.” Cette information a suscité une grande colère au milieu des fonctionnaires qui avaient déjà envoyé le formulaire d'adhésion au Snapap. Elle a surtout éveillé leurs soupçons. Questions : la tutelle est-elle obligée de parrainer cette opération ? Pourquoi maintenant ? Finalement, la réunion a eu lieu dans une ambiance électrique qui a opposé les partisans du clan de la tutelle et ceux du Snapap. Aux dernières nouvelles, tout a été fait pour que ceux du Snapap l'emporte. En d'autres termes, le bureau provisoire du syndicat de la tutelle est constitué des représentants qui activent pour la création du syndicat Snapap. MALIKA BEN