Spectaculaire coup de filets au sein de la mafia du poulet La DCP d'Alger saisit deux tonnes de volaille Les abattoirs clandestins se sont généralisés à travers le pays. Décidément, la lutte que livrent les agents de la Direction de la concurrence et des prix (DCP) d'Alger aux trafiquants de viandes devient de plus en plus rude. Au onzième jour du mois sacré, les brigades de contrôleurs ne semblent pas près de lâcher prise. En effet, ils viennent de réussir un spectaculaire coup de filet au sein de la mafia du poulet. Tôt dans la matinée de jeudi, les éléments de la DCP, accompagnés de ceux de la gendarmerie, surveillent les alentours où sont implantés les commerçants grossistes de viandes blanches, au quartier Les Sources, dans la commune de Bir-Mourad-Raïs. Aux environs de 6 heures, les premières camionnettes commencèrent à affluer au lieu du rendez-vous pour livrer leur marchandise. Ils viennent des localités limitrophes et de la périphérie d'Alger. Ils chargent les bennes de leurs véhicules de grandes quantités de poulets et de dindes, sans toutefois respecter la moindre règle de transport. La cargaison est mise à même le bord des camionnettes sans être couverte. Les poulets proviennent des abattoirs clandestins et ne sont pas contrôlés par les vétérinaires. Leur origine est douteuse. Les transporteurs appréhendés par la gendarmerie, aux environs de 6 heures, viennent des localités de Baba Ali, de Khraïcia, des Eucalyptus et de Baraki. Leurs voitures sont aussitôt orientées vers le parc du groupement de la gendarmerie de Bir-Mourad-Raïs. La plupart de ces trafiquants ne disposent pas d'agrément. Les poulets et les dindes transportés ne sont pas éviscérés. Ce qui n'est pas conforme aux règles requises dans ce domaine. Les carcasses des animaux sont encore chaudes. Les bêtes sont, semble-t-il, fraîchement abattues. Or, le règlement stipule qu'elles doivent être éviscérées impérativement dans les lieux d'abattage, contrôlées par les services vétérinaires. Ces trafiquants constituent, selon le DCP d'Alger, M. Lamari, les quelques membres d'un réseau de fraude bien organisé. La preuve : après les premières saisies opérées, aucun transporteur n'a osé se rapprocher de ces lieux. Sans trop tarder, l'un d'eux a aussitôt vendu la mèche à ses acolytes. Son “confrère” refuse d'ouvrir la porte de son fourgon frigorifique sous prétexte qu'il n'a pas la clef. Devant l'insistance des agents de la DCP, il rejette en bloc leur accusation quant à cette pratique frauduleuse. D'un ton ferme et déterminé, il menace ses accusateurs. “Je me souviens de vous, vous aurez bientôt affaire à moi !”, rétorque-t-il, en présence des gendarmes. En réalité, le jeune homme craint la saisie de sa marchandise, transportée pourtant dans des conditions acceptables si ce n'est l'éviscération des poulets qui fait défaut. L'autre irrégularité commise par cette personne a trait à la chambre froide qui n'est pas fonctionnelle. En un mot, il y a rupture de la chaîne de froid. Ce qui représente un danger pour la santé des consommateurs. Il attend le manque de vigilance des agents pour prendre la fuite et échapper ainsi au contrôle. C'est ce qu'a fait, d'ailleurs, l'un de ses associés, il y a à peine une demi-heure. Il s'est, en effet, sauvé à bord de sa camionnette de marque 504 bâchée bleue à une grande vitesse sur une voie à sens interdit. La course-poursuite s'est achevée, au grand bonheur du transporteur, aux frontières de Blida où le secteur (territoire) ne relève pas des prérogatives des gendarmes d'Alger. L'un des commerçants grossistes qui a l'habitude d'ouvrir son magasin pour recevoir puis vendre très tôt ses poulets a préféré baisser le rideau pour pouvoir contacter son patron, mais aussi afin d'éviter tout contrôle de la DCP. Les éléments de la DCP, avec un brin d'amertume qui se lit sur leur visage, regrettent que leur opération n'ait pas permis de capturer un maximum de trafiquants et une grande quantité de volaille. Celle-ci dépasse néanmoins les 2 tonnes. “Ce n'est que partie remise. Nous donnerons rendez-vous à ces fraudeurs dans les quelques jours à venir”, promet un contrôleur. Il faut dire que cette opération ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan. Ce genre de trafic est devenu un phénomène généralisé sur tout le territoire national. Ce trafic nous renseigne également sur la nature de l'évasion fiscale qui ronge l'économie nationale. Si à Alger, la DCP double de vigilance, à l'intérieur du pays, en revanche, le trafic se fait à ciel ouvert. Une action similaire a, pour rappel, eu lieu récemment et s'est soldée par la saisie de 30 tonnes de viandes ! Par ailleurs, la DCP soumettra la marchandise à un autre contrôle par le vétérinaire dans l'abattoir de Hussein-Dey. S'il juge que le poulet est propre à la consommation, il sera affecté aux hospices et aux associations caritatives. Dans, le cas contraire, toutes ces quantités seront destinées à la consommation animale dans les zoos. Quant aux trafiquants, ils seront certainement poursuivis en justice. B. K.