Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, âgé de 69 ans, a succombé “à un grand épuisement mental et physique”, selon Pyongyang. Celui a repris les rênes de la dernière dictature communiste ne va sans doute pas diverger de la ligne tracée par son père. Sans surprise, c'est son fils cadet Kim Jong-un, qui devrait lui succéder, et continuer de tenir le pays d'une poigne de fer. On ne connaît pas grand chose sur Kim Jong-un. Même sa date de naissance officielle, le 8 janvier 1984, est contestée. Fils cadet de Kim Jong-il, il aurait gagné les faveurs de son père à mesure que l'aîné, Kim Jong Nam, tombait en disgrâce suite à un voyage tumultueux au Japon en 2008. Dépourvu d'expérience, Kim Jong-un a été bombardé en septembre 2010 à des postes de responsabilités politiques et militaires, devenant officiellement l'équivalent d'un général quatre étoiles. La sœur de Kim Jong-il et son mari ont aussi été promus en 2010, ce qui pourrait être le signe de la constitution d'un triumvirat familial permettant à cette dynastie de poursuivre un règne entamé dès la création du pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale. À la mort du père fondateur du régime, Kim Il-sung, en 1994, son fils, Kim Jong-il, a continué dans la même lignée. Sauf surprise, la 3e génération devrait maintenir le cap. Les caciques de la Corée du Nord croassent que Kim Jong-un, qui a étudié en Suisse, a “l'intelligence et la fermeté” nécessaires à la conduite du régime, même si son âge et le faible délai qui lui a été laissé pour se préparer à la succession de son père constituent des handicaps. “Tous les membres du Parti, les militaires et le public devraient suivre fidèlement l'autorité du camarade Kim Jong-un et protéger et renforcer le front uni du parti, de l'armée et du public”, a, par ailleurs exhorté l'agence nord-coréenne. Les funérailles de l'ex-dirigeant ont été fixées au 28 décembre à Pyongyang. Les autorités ont décrété un deuil du 17 au 29 décembre. L'ex-dirigeant a utilisé la propagande, un culte exacerbé de la personnalité, une armée docile et les camps de travail pour maintenir son pouvoir, comme l'avait fait son père avant lui. Il a donné tort à ceux qui prévoyaient son effondrement après l'éclatement de l'URSS. Les Chinois ont toujours veillé à ce que leur voisin reste en l'état. Kim Jong-il a ainsi continué son programme de fabrication d'armes nucléaires, marqué par deux essais, en octobre 2006 et mai 2009. À Séoul, le gouvernement s'est placé en état d'alerte, les deux Corées restant techniquement en état de conflit armé depuis l'armistice précaire signé à l'issue de la guerre de Corée en 1953. Même vigilance au Japon, où Tokyo se prépare à toute conséquence inattendue, notamment sur les frontalières. Les Etats-Unis ont réagi avec prudence, insistant sur la stabilité de la région, se gardant de commenter la disparition de l'un de leurs ennemis les plus acharnés et les plus imprévisibles. Kim Jong-il disparu, tout peut arriver à Pyongyang : il a laissé une économie moribonde dans un pays marqué par la famine et de graves pénuries alimentaires à répétition. La FAO a estimé le mois dernier que près de 3 millions de personnes continueraient à avoir besoin d'une aide alimentaire en 2012. D. B.