Le Président est enfin sorti de son mutisme qui a poussé à croire que le pays était un navire sans capitaine et pour la première fois le premier magistrat du pays s'est situé au-dessus des partis et d'autres contingences qui ont souvent modelé la politique nationale. En peu de mots, il a résumé sa vision du futur au terme de deux mandats et demi, et ce qui en ressort est que l'apprentissage de la démocratie reste un long chemin tortueux, semé d'embûches et de barrières et que cinquante ans dans la vie d'une nation est une goutte d'eau dans un océan. Appelant à plus de pragmatisme, il fait confiance à la clairvoyance, mais à aucun moment ne se décerne une autocritique de sa gouvernance. Par exemple, le net recul enregistré entre ses promesses du premier mandat à engager les grands chantiers de l'école, de l'administration et surtout de la justice. Pour ce dernier, le rapport de la commission Issad est encore dans les tiroirs de l'oubli quand plusieurs des recommandations avancées auraient dû être mises en branle. Jamais la corruption, que tout le monde dénonce, n'a eu pignon sur rue que ces dernières années, et à grande échelle. Cet aveu d'impuissance d'un président fatigué est un signe que le mal est profond et que le centre de décision est partagé sinon comment expliquer cette acceptation, par dépit, que les idées de réformes annoncées soient vidées de leur consistance après le passage des six textes proposés, au pressoir de l'Assemblée populaire nationale et que l'idée même d'une deuxième lecture soit aussi rapidement évacuée. Si le chemin menant à la démocratie est encore loin, ce n'est pas faute de compétences et de citoyens sincères, c'est que la méthode suivie à ce jour doit être revue mais si l'apprentissage est aussi un chemin obligé, pour reprendre le président, il n'est pas nécessaire de refaire l'itinéraire et les erreurs de ces pays centenaires dans le système démocratique. O. A. [email protected]