Alors qu'elle est classée parmi les trois premières régions du pays où l'élevage ovin est la principale activité des habitants, El Bayadh semble avoir seulement bénéficié de ce titre puisque le kilo de viande est passé, en quelques mois seulement, de 800 DA à 1400 DA. Dénommée à tort par des spécialistes de l'élevage “pays du mouton”, cette région ne peut en aucun cas se targuer d'être à l'avant-garde en cas de crise surtout que le potentiel de cheptel existant ne répond à aucune norme en matière de sauvegarde alors que l'espoir de constituer un réservoir de reproduction n'est que chimérique dans la tête de milliers d'éleveurs. Ce constat largement partagé est en soit un aveu d'échec d'une politique d'élevage qui trouve du mal à cerner la problématique posée en matière de la demande et de l'offre, sinon comment comprendre l'absence de statistiques exactes lorsqu'il s'agit de chiffres aussi bien d'éleveurs que de bétail. Même la chambre d'agriculture, censée être le centre nodal de cette profession, semble ne pas maîtriser la chose surtout qu'un nombre incalculable d'éleveurs préfère agir loin des sphères décisionnelles. Sur un autre registre, des techniciens en élevage trouvent l'augmentation des prix de la viande ovine en inadéquation avec les faveurs accordées par l'Etat, notamment en matière d'offre fourragère ou encore de mise en place de mécanismes d'aides en période de disette ou d'apparition de maladies de cheptel, notamment. Seulement et avec toutes ces mesures d'accompagnement, le simple consommateur se retrouve dos au mur et appelé, par conséquent, à débourser plus qu'il en gagne, alors que du côté des services du commerce, aucun indice à même de réguler ces prix n'est mis à profil. Chez les bouchers où la spéculation est un secret de polichinelle, les prix pratiqués ne sont qu'un prolongement de ceux proposés par des éleveurs où plutôt des marchands, comme ils le disent souvent. Dans tout ce brouhaha, des milliers d'hectares de parcours préservés font état de dépassements exagérés et quotidiens, que soit par des pacages forcés ou encore de défrichements anarchiques, et cela au grand dam des intervenants dans le cadre de la lutte contre la désertification et la densification fourragère. Avec tous ces avantages offerts à l'égard de l'éleveur, la viande ovine ne trouve plus preneur, durant ces derniers mois, chose qui a d'ailleurs contraint des dizaines de bouchers à baisser rideaux ou encore changer carrément de créneau. Et pourtant, les chiffres, non encore officiels, parlent d'un nombre de cheptel avoisinant les 2 millions de têtes à travers la région d'El Bayadh, pour une population qui ne dépasse pas les 270 mille habitants. A. M