Ces élections sont une sorte de jeu décisif entre M. Zerhouni et le mouvement des archs. Pour les archs, cela relève d'une question d'honneur ; pour le ministre de l'Intérieur, le calendrier sert de base d'argumentation. Les élections partielles, retenues par M. Noureddine Yazid Zerhouni comme remède à la situation maladive de la Kabylie, sont donc, de part et d'autre, importantes. Le mouvement des archs a gagné la première bataille. Le ministre a remporté une victoire au goût d'inachevé lors de la suivante. Au soir du 30 mai, le boycott du scrutin législatif a été quasi-total en Kabylie. Le taux de participation n'a pas dépassé les 5%. Au soir du 10 octobre, la tendance a quelque peu évolué : une bonne moitié des Assemblées communales et deux Assemblées de wilaya (Tizi Ouzou et Béjaïa) y a été “élue”. Reste quand même l'autre moitié. Dans sa conférence de presse, au lendemain des locales, M. Zerhouni s'est félicité du courage des électeurs de cette région et a dénoncé les “méthodes fascisantes” des archs. La partie étant indécise, un jeu… décisif s'impose pour départager les protagonistes. Le ministre de l'Intérieur, représentant controversé des pouvoirs publics, veut tenir ces partielles à la date qu'il jugera opportune. Il sait que les archs le considèrent comme leur adversaire principal et comme symbole d'un régime avec lequel ils veulent en finir. Sa faillite personnelle dans ces évènements ne plaide pas sa cause. D'ailleurs, il a révélé, dimanche dernier, dans un entretien à la radio Chaîne III, que le président de la République a chargé le Chef du gouvernement de gérer politiquement le dossier Kabylie à la place de son ministre de l'Intérieur. Parce que, politiquement, M. Zerhouni a lamentablement échoué dans sa tâche. Il a été incapable de résoudre la crise dont les fameuses partielles ne sont qu'une conséquence logique. Son triomphe à lui est à mettre dans le cadre du (para) militaire : un triomphe qui a coûté à la Kabylie 118 morts. Si les élections partielles sont organisées avec succès, l'affront sera peut-être lavé. Le mouvement, de son côté, a considérablement affaibli depuis quelques mois. Les arrestations opérées par le département de l'Intérieur ne l'ont pas encore estomaqué mais ils l'ont affaibli. Pour autant, la mobilisation n'est pas totalement finie. Le refus catégorique de cette option de partielles découle aussi d'une conviction : moralement, les archs ne pourront pas survivre à une telle opération. La normalisation débutera le cas échéant. Et tous les sacrifices auront été vains. Dans cette histoire, les partis politiques implantés dans la région ont été déterminants. Au 30 mai, l'union avait fait la force. Cinq mois plus tard, la scission a provoqué la division. L'honneur des archs pourrait être sauf si, malheureusement, l'indécision continue à régner en maître en Kabylie. Or, l'isolement de cette dernière, pour diverses raisons, augmentera les risques d'échec de ce mouvement sans que M. Zerhouni puisse se prévaloir de quelque succès politique. Comme certains ministres, il rentrera certainement “chez lui” à la fin de sa mission. Le jeu est vraiment décisif. L. B.