La mouhafadha de Constantine a invité, avant-hier, les représentants locaux de la presse à une soirée autour d'un thé. La rencontre se voulait une réponse aux “redresseurs” qui clamaient haut et fort que près de 3 000 élus FLN, dont 9 maires rien qu'à Constantine, auraient rejoint leurs rangs. Les membres de la mouhafadha, entourés des élus de Constantine, sont revenus, à l'occasion, sur les événements de vendredi dernier quand ils ont empêché Amar Tou d'installer une mouhafadha parallèle au cinéma Le Royal. Les élus locaux présents se sont dits étonnés par la rumeur, selon laquelle, 32 d'entre eux, dont les 12 P/APC que compte la wilaya, auraient rejoint le mouvement de “redressement”. Le mouhafedh de Constantine, A. Bouhouche, est allé jusqu'à compter les présents dans la salle sous le regard approbateur des P/APC et P/APW du chef-lieu. Sur les 12 maires, 9 étaient présents et 3 seulement manquaient à l'appel, dont 2 se sont excusés, nous a-t-on dit. Et au mouhafedh de commenter : “Sur les 83 élus au niveau de la wilaya, il n'y a aucune déperdition portée à notre connaissance. En outre, nous donnerons dans les jours à venir la liste des nouvelles recrues venues des autres partis.” Plus tard, lors d'une discussion, un membre de la mouhafadha a admis, à demi-mots, d'éventuelles défections quand il a déclaré : “Il se pourrait que certains de nos élus rejoignent les rangs de l'administration. Ce sont ceux ayant des antécédents judiciaires et qui ont trompé notre vigilance lors de l'établissement des listes des candidats. L'administration recrute par le chantage !”. Pour ces pro-Benflis, il n'existe pas de mouvement de “redressement”, mais un complot de l'administration contre le FLN. Cette administration est accusée de tous les maux, notamment lorsque les événements de vendredi dernier sont évoqués. Pour le mouhafedh : “Ce qu'a fait Tou est illégal. Il s'inscrit dans une escroquerie engageant les moyens de l'Etat dans une activité illégale. Pourquoi une visite officielle un vendredi si ce n'est pour financer une activité partisane sur les fonds de l'Etat ? Le soir, Tou a animé une activité partisane en bénéficiant de la même protection policière et des mêmes égards protocolaires de la journée quand il était en visite officielle”. Bouzid Kahoul, membre de la mouhafadha enfonce l'administration : “La présence du directeur du cabinet du wali dans la salle est une preuve de la complicité des autorités locales avec ceux qui se font appeler les “redresseurs” et qui ne sont que les sbires d'une administration en croisades contre le FLN”. Sur l'identité des “redresseurs” présents dans la salle, vendredi dernier, le mouhafedh explique que “ceux qui étaient au cinéma Le Royal sont des militants du RND et des exclus du FLN. Des escrocs qui ne sont connus à Constantine que par leurs démêlés avec la justice”. Qui sont ces gens ? s'interrogent les journalistes. Pour la première fois, ce qui n'est pas dans les habitudes du FLN, des noms sont cités par le mouhafedh : “Oudina, Latafi, Roubache ne sont pas des militants du FLN”. Bouzid Kahoul ajoute : “Vendredi, la salle Le Royal était digne d'une maison de redressement où il y avait des gens à redresser et non des redresseurs. Il y avait un panel d'escrocs de la ville qui, à cause de la clochardisation de Constantine, sont devenus les représentants de la société civile proposant leurs services au maître du moment”. Une élue lâche : “Ya hasra ala Ksantina !” Concernant le recours à la violence par les militants du FLN pour empêcher le conclave de vendredi, Bouzid Kahoul se défend en citant nommément un certain Boulassel : “On n'a agressé personne et on n'a fait que défendre notre maison. C'est ce traître de 1997 qui a octroyé 1 000 dinars à des truands connus au Khroub pour jouer aux tontons-macoutes”. Au mouhafedh Bouhouche de menacer, sous les cris approbateurs des dizaines d'élus et de militants : “Nous ferons face et avec force à toute autre action des présumés redresseurs.” M. K.