Reprenant une expression qu'il endosse avec classe, “les voyous de la rédaction”, le dessinateur de presse de notre confrère El- Watan, “le HIC”, a ravi ses fidèles lecteurs mardi soir, à l'Institut français d'Oran. En effet, venu pour y donner une conférence, suivie d'une vente dédicace, en présence de son éditrice Dalila Nadjem, le HIC, de son vrai nom Hicham Baba Ahmed, se prêtera volontiers au jeu des questions-réponses avec le public venu en nombre. Un contact direct important avec des lecteurs fidèles, convaincus ou d'autres plus curieux, qui se traduira par la découverte d'un caricaturiste simple sachant faire partager la passion de son métier. D'ailleurs, ne l'a-t-il pas avoué en déclarant qu'être caricaturiste — il préfère l'expression de dessinateur de presse — c'est pour lui le plus beau métier : “Je travaille de ma passion en restant chez moi, sans horaires de bureau et en plus on me paie !” Mais ce qu'il ne dira pas, c'est là aussi le privilège obtenu après 15 ans de presse pour un jeune caricaturiste qui s'est fait un nom et qui est aujourd'hui reconnu même à l'étranger, à l'instar de certains de ses congénères comme Dilem, Gyps ou encore Ayoub. Le parallèle avec les “bédéistes” occupera son exposé. N'étant pas de formation bédéiste, le HIC mettra en relief les différences existant entre ces deux modes d'expression, même si par moments des passerelles sont possibles. Un clin d'œil à son éditrice qui s'efforce, avec le Festival international de la bande dessinée dont elle est le commissaire, de faire renaître la BD en Algérie. Le HIC est très représentatif de cette génération des nouveaux caricaturistes algériens révélés avec l'ouverture de la presse. Il n'en demeure pas moins que ceux-ci ont tous germé avec l'héritage des anciens durant les années 1970/1980. Aujourd'hui pour le conférencier, le dessin de presse est “hautement politique et politisé”, parlant alors au mieux de ce qu'il sait faire de son univers. “Un dessin de presse, c'est un instantané, on est toujours tributaire de l'actualité, et il est toujours étroitement lié à la politique, même si on ne dessine pas un homme politique” et de donner l'exemple de dessins représentant un citoyen avec une bouteille de gaz. “Finalement dans la bouteille de gaz il y a quelque chose de politique.” Ce carré d'espace qu'occupe le HIC est pour lui un espace de liberté qui lui appartient : “Dans mes dessins, je mets mes convictions, on ne m'impose pas de sujet, mais l'autocensure existe, ce n'est pas une honte. La liberté d'expression est un fantasme.” Quant à cette liberté conquise, avec talent, par le dessin de presse, le HIC définit les dessinateurs de presse comme “les voyous de la rédaction”, ceux qui peuvent se permettre peut-être plus que d'autres. Alors pourquoi s'en priver et nous en priver ! D. L