Ammar Lounis, président par intérim, a expliqué que la tenue de ce congrès extraordinaire était une réponse à la demande des deux tiers des membres du Conseil national. Contrairement aux attentes et aux suppositions émises par certains membres fondateurs et délégués de wilaya de l'Alliance nationale républicaine (ANR), les autorités publiques, particulièrement le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, n'ont pas empêché la tenue du congrès extraordinaire de cette formation politique, qui s'est déroulé hier à la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction de Zéralda. Bien au contraire, les arguments avancés par les protestataires selon lesquels la rencontre est antistatutaire ont été ébranlés par le décor planté sur place, plus précisément par la présence importante de congressistes : quelque 750 délégués venus de 41 wilayas du pays. Lors de l'ouverture des travaux, le congrès extraordinaire de l'ANR a également enregistré la présence de deux représentants de partis politiques, présentés comme membres de “la famille démocrate”, à savoir Amara Benyounès, président du Mouvement populaire algérien (MPA, ex-UDR), et Hocine Ali du Mouvement démocratique et social (MDS). De plus, le vice-président chargé de l'intérim de la présidence de l'Alliance, Ammar Lounis, a abordé la question des statuts du parti et a même fait part de “tentative d'imposer une direction nationale pour le parti, sans respect des bases élémentaires de la démocratie”, une tentative qui aurait été “déjouée” grâce aux militants de l'ANR. Alors que les documents distribués aux congressistes et aux médias, ainsi que les déclarations des membres du bureau du congrès et du responsable de la commission nationale de préparation de la rencontre de Zéralda le présentaient comme le “président du parti”, M. Lounis a pris tout le monde de court, en annonçant : “Je ne suis pas président de l'ANR, je suis président par intérim.” Il a, en outre, tenté de justifier la tenue du congrès extraordinaire, précisant que la décision est venue des deux tiers des membres du Conseil national, en vue de l'élection d'un nouveau “secrétaire général” de l'ANR. Dans son allocution, Ammar Lounis est aussi revenu sur les raisons ayant motivé la création, il y a 17 ans, de son parti et les missions que celui-ci s'est assignées. En rappelant ce “contexte de crise sécuritaire qui menaçait l'existence de l'Algérie, en tant qu'Etat et nation”. “L'Algérie était menacée par des islamistes, des intégristes”, a-t-il renchéri, en rendant “un vibrant hommage” à tous les fondateurs de l'ANR, y compris à son président, Rédha Malek, qui, en 2008, s'est retiré de la “vie politique”, à la suite de sa maladie. L'intervenant a également demandé une minute de silence à la mémoire du général-major Mohamed Lamari, décédé récemment, non sans insister sur “la victoire de l'Etat sur la barbarie”, voire “notre victoire sur le terrain de la lutte antiterroriste”. Selon lui, une série d'éléments, comme la nouvelle conjoncture, les revendications “légitimes” des citoyens algériens pour “une vie décente” et des “droits politiques et sociaux, contenus dans la Constitution”, mais aussi le lancement, par l'Etat, du processus de réformes, ainsi que “les consultations” avec les cadres de l'ANR jouent en faveur de la participation aux prochaines élections législatives. “Il est absolument nécessaire que la lutte contre le sous-développement et celle de la construction de l'Algérie ne peuvent se faire seulement par la voie des réformes”, a déclaré M. Lounis. Ce dernier a, par ailleurs, signalé que la décision d'aller à ces élections a été prise, en 2011, à Alger, lors des “réunions des cadres de wilaya”, afin d'être “présents sur la scène nationale aux côtés des autres démocrates”. “Loin de toute forme de paternalisme et de tutelle de quiconque, permettez-moi de me retirer de la responsabilité politique et de rester un militant de base”, a encore soutenu l'intérimaire de Rédha Malek, en plaidant à la fois pour une relève jeune à la tête de la direction de l'ANR et pour “la sauvegarde de l'unité nationale et des principes sacrés de la Révolution du 1er Novembre”. En marge des travaux, Ammar Lounis, président intérimaire de l'ANR, a applaudi aux “décisions strictes” prises par le chef de l'Etat en matière de lutte contre la fraude, en invitant les partis politiques à jouer leur rôle dans le contrôle “en désignant leurs représentants dans les bureaux de vote”. D'après lui, le discours de M. Bouteflika du 15 février est un signe de “l'intérêt” de ce dernier “pour que les élections soient transparentes”. - En marge des travaux du congrès extraordinaire de l'ANR, le président du MPA, Amara Benyounès, a réitéré, hier, son appel pour “un vote massif” lors des législatives du 10 mai prochain. À la question de savoir comment son parti politique compte convaincre les citoyens algériens à se présenter en force dans les bureaux de vote, il a répondu à la presse : “Il faut un discours, il faut renforcer le camp démocratique.” Pour le responsable politique, “peu importe pour quel parti (du camp démocratique, ndlr) les Algériens voteront, notre crédibilité est engagée en tant que partis politiques”. Plus explicite, M. Benyounès a affirmé que la participation au vote du 10 mai “n'est pas du seul ressort des pouvoirs publics et du président de la République”. Il a, en outre, estimé que les Algériens “doivent aller voter sinon, ils vont le regretter”. “Le 11 mai, ce sera trop tard”, a-t-il déclaré. H. A.