Résumé : Nedjma se rendit au cabinet particulier de Dr Lyès pour retrouver ce dernier avec Nazim. Elle avait entendu des cris. Les deux hommes se chamaillaient sûrement. Mais ils se turent à son entrée. Elle est si surprise par le nouvel aspect de Nazim qu'elle éclate en sanglots. Elle reproche au médecin de ne pas l'avoir avertie. Sans lui laisser le temps de poursuivre, le médecin toussote et lance : - Non… Je voulais juste voir à quoi pouvait ressembler le nouveau visage de Nazim… Je suis en droit d'être le premier spectateur de mon œuvre… Je craignais une déception… Je crains toujours la réaction de mes patients au dernier moment. On ne sait jamais comment un être humain profondément blessé pourrait réagir. Alors j'ai dû prendre seul cette décision et je n'ai informé Nazim qu‘au dernier moment. Un lourd silence régnait dans le cabinet. On aurait pu entendre voler une mouche, si ce n'était le cliquetis régulier d'une pendule murale. Nedjma s'essuie les yeux et s'avance vers Nazim : - Comment te sens-tu ? Le jeune homme avait la voix chevrotante et le regard effrayé : - Comment me trouves-tu ? Nedjma ébauche un sourire : - Si un jour on m'avait dit que tu n'avais pas de visage et qu'on avait dû t'en fabriquer un, je ne l'aurais jamais cru. Elle renifle et deux longues larmes glissèrent sur ses joues : - Tu es… tu es magnifique Nazim. Je n'ai pu retenir mes larmes tout à l'heure quand je t'ai découvert sans tes bandages. Je retrouve le jeune homme de la photo… Heu… J'exagère peut-être, mais je t'assure que tu n'es pas loin de celui que tu étais… Dr Lyès a fait un travail fabuleux. Nazim lui prend les deux mains et les serre dans les siennes : - Je te plais ainsi avec ce visage refait ? - Si tu me plais ? Mais tu vas semer une véritable catastrophe autour de toi. Toutes les femmes vont vouloir t'approcher. Il lui met un doigt sur la bouche pour l'interrompre : - Chut… Je ne veux plaire qu'à toi. Peu m'importe le reste du monde… Sérieusement me trouves-tu assez abordable maintenant sans tous ces bandages sur mon visage ? Elle sourit : - Tu es sublime… Tu es superbe… Je ne trouve plus de mots pour décrire mon admiration. Tu es un véritable Don Juan. Il rit, mais s'interrompt tout de suite en grimaçant : - Aie… J'ai encore le visage qui brûle… - C'est logique… Ta nouvelle peau ne s'adapte pas encore à l'environnement… Cela te passera. J'ai déjà connu moi aussi cette sensation. N'est-ce pas docteur… ? Le médecin qui jusque-là avait suivi la scène sans les interrompre s'approche d'eux : - Je voulais lui expliquer certaines techniques maxillo-faciales… Mais monsieur s'était emporté avant que je n'ai pu placer un mot. Il avait peur que les rougeurs qui entourent les extrémités du visage et les petites cicatrices autour de sa bouche et de son nez, ne disparaissent pas… Il m'a fait toute une scène. Heureusement que vous êtes arrivée à temps. - C'est pour cela que vos chamailleries me sont parvenues avant même que je n'ouvre la porte ? - J'ai toujours pensé que la beauté rendait les gens orgueilleux et égoïstes. La preuve est là… Monsieur a oublié que lorsqu'il était arrivé dans cet établissement, il n'avait pratiquement pas de visage. (À suivre) Y. H.