Une réunion du comité du village Aït Amar a eu lieu vendredi pour décider des actions à entreprendre pour la libération de l'otage. Enlevé mercredi dernier devant son entreprise de travaux publics, sise à Souk El- Tenine, dans la daïra de Maâtkas, à une quarantaine de kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou, Omar R. vivait, hier, sa 4e journée de captivité. Une captivité qui est loin de laisser indifférente la population locale qui a commencé, depuis vendredi, à poser les premiers jalons d'une mobilisation qui s'annonce déjà importante. Selon des sources à Maâtkas, une première réunion des habitants de la région a eu lieu, avant-hier vendredi, dans la matinée, à l'appel du comité du village Aït Amar pour décider des actions de mobilisation à entreprendre afin d'obtenir la libération de la victime. À l'issue de ladite réunion, les participants ont convenu d'une autre réunion qui sera élargie à toute la confédération de Sidi-Ali Moussa, composée d'une quinzaine de villageois au total. Cette réunion qui regroupera les membres des comités de village de cette confédération est prévue pour aujourd'hui dimanche dans la soirée, indique notre source, soulignant qu'il sera ainsi question d'arrêter une batterie d'actions de nature à exercer une pression sur les ravisseurs de ce père de quatre enfants très estimé, dit-on, dans sa région. À travers cette mobilisation qui se dessine déjà à l'horizon, la population locale ne compte pas se limiter à exiger des ravisseurs la libération de cette dernière victime saine et sauve et sans versement de rançon, mais aussi d'exprimer sa colère et interpeller les pouvoirs publics sur ce phénomène de kidnapping qui ne cesse de porter des coups psychologiques et économiques à toute la région de Kabylie qui est déjà assez écrasée entre le marteau d'un terrorisme qui en a élu domicile et l'enclume d'un pouvoir qui ne montre aucune volonté de venir au secours d'une population en danger. À ce titre d'ailleurs, des membres des comités de village de la région comptent soumettre au débat de la réunion d'aujourd'hui l'idée d'une batterie d'actions de portée régionale dans le chef-lieu de wilaya. “L'Etat a abandonné notre région, alors la population n'a de choix que de compter sur elle-même, et ce, en se mobilisant et en demeurant toujours solidaire”, nous dira un des membres du comité de village de la région, contacté par téléphone. Certains habitants de la région ne cachent pas leur crainte, disent-ils, de voir les partis politiques en mal de popularité tenter d'exploiter cette mobilisation maintenant qu'il s'agit d'élection, eux qui n'ont jamais levé le petit doigt lors des enlèvements précédents. Pour rappel, sur les 67 cas d'enlèvement enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis l'apparition, en 2005, de ce phénomène devant lequel les pouvoir publics, passifs ou impuissants, se contentent de jouer un rôle de comptable, seules les victimes derrière lesquelles la population a organisé des actions de mobilisation ont pu être relâchées sans versement de fortes rançons, qui vont de la centaine de millions à plusieurs milliards qui alimentent dangereusement les circuits de blanchiment d'argent, sinon l'armement de la nébuleuse Al-Qaïda. S L