Pour la seconde journée consécutive, le quartier populeux et populaire de Theniet El-Makhzen, à travers lequel passe le plus grand boulevard de la ville de Ghardaïa, a vécu, vendredi soir et une grande partie de la nuit, des accrochages entre les forces de l'ordre et des centaines de jeunes qui réclamaient la libération de quatre de leurs camarades arrêtés la nuit précédente par les forces de sécurité. C'est vers 20 heures que la situation a dégénéré, lorsque des centaines de jeunes déboulant du quartier précité ont assiégé les éléments des forces de sécurité qui protégeaient le siège de la wilaya de Ghardaïa. Arrivés presque à proximité des grilles de la wilaya, les jeunes émeutiers ont commencé à bombarder celle-ci avec des pierres et des objets hétéroclites qu'ils ont ramassés sur leur chemin. C'est alors qu'un renfort impressionnant d'éléments antiémeutes ont convergé vers ce haut lieu de la contestation locale réussissant tant bien que mal, à coup de camions-béliers et de gaz lacrymogène, à repousser “les assaillants” vers le carrefour du Dr Merghoub, non loin du siège du secteur militaire de Ghardaïa qui était, et pour cause, en effervescence. Cette situation, au demeurant assez prévisible, a commencé à prendre forme après que des dizaines de jeunes des deux quartiers mitoyens qui se sont affrontés la veille eurent repris leurs positions de la veille, sur la crête surplombant la ville, dans un face-à-face présageant une confrontation inéluctable. Et pourtant, des sages et des notables de ce quartier, dont le P/APC, Mohamed Herouini, natif et habitant toujours ce quartier, ont tout fait pour désamorcer la situation qui commençait à prendre des proportions dangereuses, réussissant à faire obtenir la libération des quatre jeunes détenus. Ce qui n'a pas, et loin s'en faut, calmé les émeutiers qui ont continué à insulter et assaillir les forces de l'ordre. Faute d'éclairage public et profitant de l'obscurité, quelques énergumènes ont même essayé de profiter de la situation pour piller et vandaliser des magasins situés sur ce grand boulevard commerçant. Ils ont été empêchés par les habitants du quartier qui ont veillé toute la nuit sur les biens des commerçants. Un boucher, les rideaux de la maison Renault et un magasin de quincaillerie ont, quand même, fait les frais de cette furie. Le lendemain samedi, une chape de plomb régnait sur ce quartier où des dizaines de jeunes étaient réunis dans des ruelles adjacentes comme prêts à répondre à un signal quelconque qui annoncerait le début des hostilités. D'ailleurs, vers 11h30, à Merakchi, grand carrefour menant vers Béni Izguène, Bounoura, Mélika et le centre-ville de Ghardaïa, un citoyen de passage à moto a été pris à partie par des jeunes qui l'ont molesté et mis le feu à sa moto. Ce qui n'augure pas d'une accalmie prochaine. Entre-temps, les forces de l'ordre se sont déployées aux grands carrefours de ce quartier pour contenir les assaillants dans ce périmètre tout en évacuant les dizaines de jeunes de la crête de la discorde en y installant un poste fixe de gendarmerie, une sorte de zone tampon. Un no man's land qui ne dit pas son nom. En tout état de cause, la situation étant tellement préoccupante que deux présidents de parti qui devaient animer des meetings au cinéma M'zab de Ghardaïa hier (samedi), en l'occurrence Moussa Touati pour le FNA et Abdallah Djaballah pour le PJD, ont dû les annuler. L. K