Trois décennies sont déjà passées sur la mort dans des conditions tragiques et jusqu'ici jamais élucidées de Mohamed- Seddik Benyahia, ministre des Affaires étrangères. Un missile, identifié comme étant “irakien” et de fabrication soviétique, avait pulvérisé le 3 mai 1982 l'avion spécial qui le transportait, lui et ses 13 collaborateurs au-dessus de la frontière irako-iranienne alors qu'il se dirigeait vers Téhéran. Dépêché par le président Chadli pour tenter une médiation entre l'Irak et l'Iran que la guerre opposait déjà depuis deux ans, Mohamed-Seddik Benyahia et ses compagnons devaient, dans ce cadre, rejoindre l'Irak mais l'appareil, un GII de l'aviation algérienne, est abattu par un missile alors qu'il survolait la zone frontalière entre les deux pays. Ce fut le dernier voyage de Benyahia et de ses treize collaborateurs du MAE en visite officielle, leur ultime mission de paix. La réaction algérienne, “pondérée” pour certains analystes, “molle” pour d'autres, était tout sauf “proportionnelle” au drame qui venait écorner l'image éclatante de sa diplomatie. Les autorités algériennes se sont contentées d'instituer une commission d'enquête. La perte tragique du brillant politique et diplomate algérien, dans des circonstances troubles, est, pour certains, une “affaire d'Etat” pour laquelle les gouvernements algériens successifs ont presque tout fait pour qu'aucune vérité n'éclate au grand jour. H. S.