Ne reconnaissant aucune légitimité aux frondeurs, le patron du FLN restera sourd à leurs appels, eux qui avaient déposé, hier, au sein de “l'appareil”, une énième correspondance informant le SG de la tenue de leur session extraordinaire le 19 mai prochain. Abdelaziz Belkhadem compte “battre le fer tant qu'il est chaud”. Au lendemain de la victoire écrasante de son parti aux législatives, et sans crier victoire, il tient à solder ses comptes avec ses opposants au sein du parti. Coïncidence ? Le jour où les frondeurs du Comité central publient un communiqué où ils rappellent le maintien de leur session extraordinaire prévue pour le 19 mai courant, le secrétaire général du parti réunit son bureau politique au siège du parti pour annoncer, entre autres, la tenue d'une session ordinaire du Comité central les 14 et 15 juin prochain. Ne reconnaissant aucune légitimité aux frondeurs, le patron du FLN restera sourd à leurs appels, eux qui avaient déposé, hier, au sein de “l'appareil”, une énième correspondance informant le SG de la tenue de leur session extraordinaire le 19 mai prochain. Pour rappel, même les redresseurs, désormais menés par Abdelkrim Abada, ont décidé de rejoindre les frondeurs du Comité central et de prendre part à leur session extraordinaire. Mais l'annonce faite, hier, par le bureau politique du FLN, appelant à une session ordinaire à la mi-juin, risque de tout chambouler. En fait, Belkhadem, en pleine crise, avait annoncé qu'il tiendrait une session du Comité central, après les élections, quels que soient les résultats obtenus par son parti. Ses fidèles ont martelé que la convocation d'une session du Comité central était de son ressort. Belkhadem, qui avait promis de démissionner de son poste en cas de défaite aux législatives, est plus que jamais conforté par rapport à ses adversaires. D'autant plus que ces derniers lui reprochaient notamment le choix des candidats aux législatives. Un argument qu'il vient de battre en brèche, en remportant un score inattendu. Et ce n'est pas un hasard si ses adversaires ont vite fait de changer leur fusil d'épaule, affirmant, présentement, que la victoire du FLN est due au président de la République, président d'honneur du parti, notamment grâce à son discours du 8 mai à Sétif. Que ce soit Boudjemaâ Haïchour, Abdelaziz Ziari, Abdelhamid Si Affif, ou encore Abdelkrim Abada, tous sont unanimes à dire que “la victoire du FLN n'est pas celle de Belkhadem”. Cependant, entre ce qui se dit et ce qui se fait, il y a un tout un pas que beaucoup n'oseraient pas franchir. Au FLN, les retournements de veste sont légion, tout comme l'obéissance aveugle aux injonctions “venues d'en haut”. Il n'est pas sûr que les membres du Comité central, qui avaient fait le déplacement à la kasma de Bourouba, à la veille des législatives, le fassent en nombre le 19 mai. Comme il n'est pas sûr que Belkhadem, même s'il parvient à organiser sa session ordinaire en juin prochain, puisse sauver sa tête ou imposer ses hommes au détriment des mécontents. À moins que la fameuse phrase “tab djnanna” (nous avons fait notre temps), prononcée par le président Bouteflika à partir de Sétif, ne soit une véritable directive et, auquel cas, elle serait suivie d'une véritable purge des dinosaures au sein de l'ex-parti unique. Il va sans dire que la réunion du bureau politique d'hier a eu à examiner les résultats obtenus par le parti lors des élections du 10 mai. Dans un communiqué rendu public hier, le bureau politique estime que les résultats obtenus par le FLN témoignent de “l'attachement du peuple au choix de la stabilité et de la continuité”. Le communiqué n'évoque, en aucune façon, la crise qui secoue le parti et se contente d'appeler le secrétaire général à tenir une session ordinaire du parti les 15 et 16 juin prochain. Un communiqué langue de bois, comme seul le FLN peut en faire, et qui évite toute polémique, que ce soit avec les cadres du parti ou avec les leaders des autres formations politiques. Belkhadem veut reprendre les commandes du parti et tend une dernière perche à ses adversaires au sein du parti, à savoir : attendre la mi-juin pour débattre des problèmes du parti dans une session ordinaire du Comité central et éviter le clash promis par ses adversaires le 19 mai prochain. A B