Ce prénom, qui fait partie de la nomenclature traditionnelle algérienne, est encore très vivant. Le prénom masculin s'emploie tel quel ou alors avec l'article, el Yazid. La forme féminine, Yazida, est moins fréquente, mais elle jouit, ces dernières années, d'un certain succès. Ce prénom, d'origine arabe, provient du verbe zâda “augmenter, accroître, dépasser, aller au-delà de, donner encore plus, ajouter, combler”, Yazid étant la forme optative de zâda : ya zîd “qu'il ajoute, qu'il abonde, qu'il surpasse”. Le plus célèbre des Yazid, dans l'histoire maghrébine, est Abû Yazid Makhlad ben Kaydâd al-Nukkarî, chef d'une révolte ibadite, au 10e siècle de l'ère chrétienne. Il était issu d'une famille ibadite originaire de Tozeur (Tunisie) où il a d'abord enseigné le Coran avant de se révolter contre les Fatimides, dynastie chiite arabe, introduite au Maghreb par les Berbères Kutama. Il est arrêté en 928 puis remis en liberté. Il lève une armée et entre en campagne en 943. Les Fatimides lui livrent la guerre mais ils n'arrivent pas à le battre. Il s'empare du Zab et du Djérid et attaque l'Ifrîqya. Kairouan, lasse des exactions chiites, l'accueille triomphalement, mais les hommes d'Abû Yazid se livrent au pillage, ce qui lui valut la rancune des habitants de la ville. Abû Yazid met le siège devant Mahdiya. Les Fatimides appellent le prince Ziri Ibn Manad qui réussit à le repousser. Abû Yazîd retourna à Kairouan et reprend ses campagnes, assiégeant Sousse, tandis que son fils Ayyub tente de prendre Tunis. Un sursaut des Fatimides les repousse tous les deux. Blessé, il parvient à se réfugier dans les montagnes et résiste avec une poignée de fidèles. Les Fatimides parviennent à le prendre, mais il meurt au cours de son transfert à M'sila. Le calife fatimide Al-Mansûr fait écorcher son corps et le remplit de paille. Il le fait jucher sur un chameau et le promène dans la ville, flanqué de deux singes qui le soufflètent. Abû Yazid était surnommé, par les auteurs arabes, S'ah'ib al-h'imâr, l'homme à l'âne, à cause de la monture qu'il chevauchait au cours de ses campagnes. Les mêmes auteurs lui donnaient comme fils un certain Yazîd, d'où son surnom de Abû Yazîd, le père de Yazîd. En réalité, Abû Yazîd n'est que la déformation de l'expression berbère abu ayz'id, qui signifie justement “l'homme à l'âne”, ayz'id étant, en berbère tunisien, le nom de l'âne.. M.A Haddadou ([email protected])