Après Washington, Londres s'exprime sur l'échéance de 2004. Jamais scrutin n'aura suscité autant d'intérêt extra-muros. Bien que la joute électorale ne soit pas encore animée et les prétentions des candidats potentiels passablement inconnues, la prochaine élection présidentielle fait, d'ores et déjà, réagir les grands de ce monde. Très cinglantes, leurs déclarations à ce propos s'apparentent à des mises en garde très courtoises. “Nous souhaitons que cette élection soit propre, transparente”, a préconisé Graham Steward Hand, ambassadeur du Royaume-Uni, hier, lors du forum du quotidien El Moudjahid. Sa recommandation restitue presque mot à mot celle faite par Colin Powell, secrétaire d'Etat américain, la semaine dernière, au cours d'une brève escale à Alger. L'envoyé de George Bush avait, au cours d'une conférence de presse, insisté sur la participation massive de la population au scrutin comme barrage à toute velléité de fraude. Il avait également relevé le rôle de la presse et de la société civile dans la promotion de la démocratie et la culture des droits de l'Homme. Très ferme, Powell avait présenté ces impératifs comme des préalables au renforcement de la coopération entre son pays et l'Algérie. L'avenir des relations algéro-américaines tient donc, en grande partie, au développement de la situation politique, en règle générale, et tout particulièrement à l'issue de la présidentielle. “Le président Bouteflika m'a rassuré”, avait confié le secrétaire d'Etat aux journalistes. Bien plus que leur souci proclamé du respect des libertés, les intérêts économiques prospères des Etats-Unis dans notre pays et leur désir de l'intégrer dans leur zone d'influence expliquent leur préoccupation quant à une stabilité politique de l'Algérie. Connus pour être leurs plus grands alliés, les Britanniques partagent bien évidemment cette position. La grande inconnue reste encore l'opinion des Français. En effet, d'habitude, ce genre de “conseils” émane surtout du Quai d'Orsay et de l'Elysée. On se souvient de la réaction désobligeante de Paris après l'interruption du processus électoral en 1992. Depuis, les officiels français se sont très souvent gardés de faire le moindre commentaire sur les échéances électorales successives. Lors de ses nombreuses entrevues avec son homologue algérien, le président Chirac, du moins publiquement, a toujours évité d'évoquer la prochaine échéance électorale. La France est-elle aguerrie après le précédent de 1999, ou sa prétendue proximité avec le pouvoir algérien l'empêche-t-elle de se prononcer de manière franche et neutre ? Bien des fois, la position française a trouvé une courroie de transmission à travers les institutions européennes. Différentes Organisations non gouvernementales (ONG) ont, par ailleurs, constitué par le passé un relais important. Elles se faisaient souvent l'écho d'exigences que les gouvernements avaient peine à assumer publiquement par crainte d'être accusés d'ingérence. Washington l'a pourtant fait. S. L.