Dans un communiqué signé de son nom et envoyé à l'agence privée mauritanienne, ANI, l'“émir" de la phalange El-Moulathamin d'Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, dit Khaled Abou El-Abbas alias Belaouer, a confirmé sa présence à Gao lors des affrontements avec le MNLA et tente de calmer le jeu en minimisant l'ampleur des violences et des dégâts. Comme il a confirmé qu'un des véhicules de son groupe a été la cible des tirs des éléments du MNLA. Dans la confusion qui règne dans cette zone où s'affrontent différents groupes terroristes et les rebelles séparatistes autour du contrôle des principales villes du nord du Mali, mais aussi l'exaspération de la population qui est sortie dans les rues de Gao et Tombouctou pour exprimer son refus à la présence des groupes terroristes à travers des manifestations qui ont provoqué la colère des islamistes qui n'ont pas hésité à leur tirer dessus. Il y eut au moins un mort et plusieurs blessés. Des événements que le chef terroriste n'a pas évoqués. Tout comme la présence à Gao d'éléments du Mujao lors des affrontements avec le MNLA. Ces affrontements ont fait, selon des sources, au moins 50 morts à Gao. Belmokhtar a mis en garde contre les conséquences de ce genre d'affrontements. “Nous mettons en garde contre toute tendance à vouloir mettre à profit cette situation pour engager cette région dans des conflits et des guerres ethniques ou d'agir en intelligence avec les parties ennemies", écrit l'“émir" d'Aqmi. “Nous ne resterons pas les bras croisés et nous réagirons à toute situation conformément à la charia", a-t-il menacé. Cette menace intervient après que le MNLA et le groupe islamiste local Ançar Eddine ait pris la décision de chasser Aqmi et le Mujao du Mali. De fait, les groupes terroristes étrangers sont isolés. Selon des témoignages, au moins trois parties s'affrontent sur le terrain. Il y a d'un côté le MNLA et Ançar Eddine qui s'opposent à la présence des groupes terroristes et qui menacent de les chasser. Manière pour ces deux groupes de se dédouaner et de démentir toute connivence avec les autres. De l'autre, il y a le Mujao qui a commencé à prendre du terrain et à contrôler une grande partie du nord du Mali. Ce mystérieux groupe apparu l'année dernière s'est vite distingué par des attentats spectaculaires et les prises d'otage. Il est présenté comme une dissidence d'Aqmi. Et Aqmi qui perd du terrain et est bousculée par le Mujao et rejetée par la population comme le prouvent les manifestations qui ont eu lieu en juin et début juillet à Gao, Tombouctou et Kidal alors que les groupes terroristes ont ouvert les hostilités autour du contrôle des villes prises initialement par le MNLA. Pour l'instant, ce n'est pas la guerre larvée. Juste une guerre froide et de position avec un énorme enjeu pour les groupes terroristes. Parce qu'il s'agit pour les protagonistes d'avoir la main mise sur les ressources pour financer leurs activités criminelles, à savoir les enlèvements et le trafic de drogue. Ainsi, au moins Aqmi et le Mujao se disputent le contrôle de ce vaste territoire où ils ont développé toute sorte d'activité criminelle. Il s'agit maintenant pour l'un comme pour l'autre de s'imposer. La guerre de leadership ne fait que commencer. Dans ce climat d'extrême tension avec, d'une part, une population désabusée qui a pris position et a eu le courage de sortir exprimer son mécontentement, l'attitude du MNLA et d'Ançar Eddine hostile aux groupes terroristes, de l'autre, les luttes intestines entre Aqmi et le Mujao conjugués aux affrontements de la semaine dernière, poussera les deux groupes terroristes vers de nouveaux affrontements. Le scénario d'une bataille entre Aqmi et le Mujao n'est pas à écarter.