Une excellente performance de mâalem Hakem et son groupe Diwane El-Ouaha, et une sidérante prestation de l'un des plus grands percussionnistes du monde, Trilok Gurtu. Lorsque le meilleur croise le “must", le résultat ne peut être que magnifique. Et ça a été le cas lors de la dernière soirée du Festival international du diwane d'Alger, qui devait prendre fin hier soir, au théâtre de verdure Saïd-Mekbel de Riadh El-Feth. Diwane El-Ouaha, mené par le virtuose du goumbri mâalem Hakem Abdellaoui – qui a inventé un goumbri à six cordes – a entamé son tour de chant par El Ada. C'est donc sur des airs de tambour que le show s'est ouvert. Mâalem Hakem échangera son t'bel contre un goumbri pour interpréter plusieurs morceaux extraits de “bradj" célèbres, notamment Megzou, Hamadi, Bab Nouar, Lalla Aïcha, La Ilaha Ila Allah, et Ben Bouziane. Mâalem Hakem a entamé sa prestation par un jeu et un chant à la manière des gnawa (Maroc), pour terminer sa performance avec du diwane (Algérie). Lauréat du meilleur joueur de goumbri (ex-æquo) au Festival national de la musique diwane de Béchar (en mai dernier), mâalem Hakem a également remporté avec son groupe le premier prix de ce festival. Diwane El-Ouaha est une des formations les plus prometteuses dans ce genre, en témoignent les qualités artistiques extraordinaires de mâalem Hakem, mais également la parfaite prestation des Koyo (danseurs-joueurs de karkabou) qui l'accompagnent, les enchaînements sans faute et le sens de la scène. La deuxième partie de la soirée, qui a très bien commencé, a été animée par le grand percussionniste d'origine indienne, Trilok Gurtu. Véritable virtuose de la percussion, l'artiste, qui appartient à une famille de musiciens puisque son grand-père était joueur de sitar et sa mère chanteuse, a littéralement envoûté les spectateurs du Théâtre de verdure avec ses envolées rythmiques. Trilok Gurtu est un rythmicien hors du commun dont la spécificité a été d'intégrer au jeu du tablâ (instrument traditionnel indien) des éléments de percussion, comme les cymbales ou les clochettes. Le résultat est sidérant et laisse parfois méditatif, d'autant que l'orchestration était plutôt jazz. Cette couleur jazz a été donnée par l'intégration de la basse et de la guitare. Trilok Gurtu a dirigé d'une main de maître le rythme, laissant souvent les spectateurs contemplatifs, tout en les entraînant dans une transe folle avec ses sursauts rythmiques. Trilok Gurtu est un génie qui a entraîné dans son tourbillon une assistance qui est restée attentive tout au long de la prestation, avec ses sonorités jazz et pop, mixées à des musiques indiennes. Une avant-dernière soirée qui compte parmi les meilleures de cette cinquième édition. Une soirée où le rythme été à l'honneur. Le festival nous en aura fait voir de toutes les couleurs ! S K