Le Ramadhan est une période très importante pour tous les musulmans. C'est un mois durant lequel l'on doit purifier son corps et son esprit par le jeûne en restant humble et serviable. Ce mois est caractérisé, entre autres, par : - Une privation des sujets de toutes prises alimentaire et hydrique, depuis l'aurore jusqu'au crépuscule, modifiant ainsi leurs habitudes alimentaires tant d'un point de vue qualitatif que quantitatif, caractérisées notamment par un régime à prédominance glucidique après la rupture du jeûne. - Une modification du cycle veille-sommeil qui fait que les personnes sont généralement plus actives la nuit que le jour. La répercussion du jeûne sur la performance physique et sportive est un sujet qui suscite beaucoup de questions au sein de notre population sportive. à savoir, quelle est l'influence du jeûne sur la performance physique, quels sont les éventuels risques et quels conseils pouvons-nous donner à nos sportifs pratiquants le jeûne. La pratique d'une activité sportive à jeun brûle prioritairement les sucres et les acides gras circulant dans le sang, puis impose à l'organisme de puiser dans ses réserves de glycogène, de graisse et de protéine. Lorsque le jeûne se prolonge, comme c'est le cas lors du Ramadhan, le déficit énergétique place l'organisme en situation de "souffrance". Dans une telle situation, on peut difficilement concevoir atteindre de bonnes performances sans avoir la disponibilité énergétique nécessaire. La pratique d'un effort sollicite d'autres sources d'énergie telles que les graisses corporelles. L'utilisation des protéines musculaires à des fins énergétiques conduit à des altérations des fibres contractiles et fragilise le tissu musculaire. Ce risque est d'autant plus élevé si l'hydratation n'est pas correcte, situation fréquemment associée à l'absence de prise alimentaire. La carence en énergie et en nutriment qui accompagne le jeûne altère l'adaptation à l'effort et se manifeste par une fatigabilité, évoluant vers un réel surentraînement avec la répétition des séances. Les perturbations des apports en eau et en minéraux ont des répercussions sur la tolérance de l'effort, sur l'adaptation à l'effort en particulier d'ordre cardiovasculaire. Les éventuelles conséquences d'une activité sportive en cas de jeûne L'hypoglycémie Pratiquer un sport sans s'alimenter, sans boire et surtout en période de chaleur peut apporter au minimum une diminution de la force musculaire, voire une hypoglycémie par épuisement des réserves en glucose dans l'organisme. La déshydratation La pratique d'une activité physique et d'un sport peut entraîner perte d'eau et de sels minéraux qui en l'absence de compensation conduit à un état de déshydratation. L'hyperthermie maligne d'effort Il s'agit d'un collapsus par déshydratation, avec possibilité d'accident vasculaire cérébral, d'accident cardiaque et de mort subite, dû à des facteurs de risque dont le manque d'alimentation, le manque d'apport de boisson et une température excessive de l'environnement du sportif. Les accidents tendino-musculaires Une mauvaise alimentation associée à un apport hydrique insuffisant peut provoquer des accidents traumatiques type tendinite, déchirure, claquage, par faiblesse musculaire. Les perturbations biologiques L'association d'une activité physique et d'une alimentation défaillante provoque un trouble métabolique qui peut avoir comme répercussion une accentuation des déchets sanguins tels les corps cétoniques, une modification de la glycémie, une modification du fonctionnement hépato-rénal. La diminution de la condition physique Il s'agit au minimum de l'effet le plus visible chez un sportif qui en manque d'alimentation verra sa condition physique diminuer avec fonte musculaire. Ceci semble surtout être vrai lors des deux premières semaines du mois de Ramadhan. Recommandations pour les sportifs en période de jeûne Pratiquer une activité physique n'est pas incompatible avec un état de jeûne prolongé, cela nécessite de respecter certaines règles et recommandations : - Donner le temps à l'organisme de s'adapter aux modifications brutales du rythme de vie (pour cela, il y a lieu de réduire, durant la première semaine du Ramadhan, le volume et surtout l'intensité de l'entraînement, pour les rétablir progressivement dès la deuxième semaine. - Respecter la constance du rythme biologique, notamment la durée habituelle du sommeil, sachant que le sommeil de jour, quelle que soit sa durée, ne peut remplacer celui de la nuit. - éviter les séances d'entraînement intense en plein soleil - éviter la pratique des activités sportives à risque au regard de la baisse de vigilance, conséquence de troubles liés au rythme veille-sommeil et à l'hypoglycémie - Adapter, pour les athlètes, la fréquence, l'intensité et la durée des séances d'entraînement en tenant compte des particularités énergétiques de la spécialité sportive.