Les premières augmentations touchent les laits et les produits dérivés ainsi que la banane. Conséquence d'une nouvelle fixation de valeur douanière “intervenue il y a deux jours”, les prix de certaines marchandises importées risquent de connaître une flambée importante sur le marché. Entre autres, il s'agit de la banane et de quelques marques de lait en poudre, telles que Gloria et Nespray dont le renchérissement pourrait, à l'évidence, se répercuter sur les produits dérivés comme les yaourts. Hier, au niveau de la sous-direction des douanes d'Alger-Port, les transitaires et même les douaniers chargés de la liquidation des dossiers étaient affolés, surpris par un télégramme émanant d'une structure centrale fixant les nouvelles valeurs de référence, désormais applicables et au-dessous desquelles toute importation devient source de suspicion et porteuse de risque de minoration de valeur. De sources proches des syndicats des douanes, l'information est on ne peut plus officielle. D'ores et déjà, un transitaire nous annonce que deux navires chargés de bananes sont en rade depuis 4 jours, bloqués, voire “piégés” par la nouvelle valeur en douane “décidée il y a deux jours”. Avant cette note, fait-il savoir, la banane était indexée sur une valeur uniforme de 26 da le kg sur tout le territoire national, et depuis ces “deux derniers jours, elle est référencée à une valeur minimum de 47 da le kg”, soit une augmentation de 70%. C'est-à-dire que l'importateur est tenu de présenter une facture aux services des douanes où le prix de la banane importée ne peut être sous la barre des 47 da le kg, sous peine de redressement et de saisie de la marchandise. Avec cette nouvelle fixation de valeur, le renchérissement de la banane ne peut être que certain. Dédouanée sur la base de 26 da le kg en coût et fret, elle arrivait sur le marché entre 70 et 100 da le kg pour le consommateur. Mais lorsqu'elle sera dédouanée sur la base des 47 da, elle pourrait facilement atteindre au minimum les 150 da le kg au détail. Selon les premières informations parvenues aux transitaires, les marques Dole et Adria et toute autre banane en provenance de l'équateur sont, en priorité, ciblées. Ce qui est pour l'instant sûr, c'est que “le navire en rade chargé de 2 880 tonnes de bananes ne trouve pas de réponse car, nous signale un commissionnaire en douanes, cette marchandise a été importée et embarquée sur la base d'un prix de 26 DA le kg”. à l'évidence, les services des douanes, qui ont voulu remettre de l'ordre sur la problématique de la valeur afin d'endiguer tout risque de fausse déclaration baissière, semblent omettre d'accorder une période de transition avant de diffuser largement l'information à destination des opérateurs. D'autant que certains importateurs nous disent qu'il s'agit de contrats annuels, négociés sur la base de prix se situant autour de 26 DA. S'agissant des laits en poudre émanant de la maison Nestlé, “ils sont désormais soumis à une valeur douanière de 3,425 euros le kg, soit environ 290 DA le kg et ce, sans compter les 7 à 10% de droits et taxes et autres frais d'approche”. Actuellement, le lait en poudre de marque Nespray — le plus coté sur le marché — arrive au consommateur final au prix de 280 - 310 DA le kg, soit 140 à 155 DA l'étui de 500 grammes. Des importateurs de lait se sont étonnés de cette nouvelle valeur qui, à leurs yeux, ne répond pas réellement au prix d'achat du produit. “On pouvait jusque-là dédouaner le lait pour 1 et même 2 à 3 euros le kg , mais là, on nous demande de facturer plus cher que le prix d'achat. Ce n'est pas normal, nous allons procéder à un transfert illicite de devises avec la bénédiction des textes”, s'exclame un opérateur. Il est vrai que l'institution douanière cherche à maîtriser le problème de la valeur, notamment après la fameuse affaire des réfrigérateurs à 20 euros, et tente ainsi de munir les agents liquidateurs d'outils, voire de prix de référence sur des produits susceptibles de faire l'objet de minoration sur la déclaration. Sauf que le cafouillage qui règne depuis hier sur cette question aurait pu être évité si l'information avait circulé à temps. Tout état de cause, ce “retour à la raison” risque de coûter cher, puisqu'il comporte le risque d'entraîner une hausse de prix de produits de large consommation. A. W.