L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le Conseil national économique et social (Cnes) proposent, dans leur mémorandum, adressé au président de la République, 74 mesures à prendre dans le cadre d'une politique de maîtrise des prix et de sauvegarde du pouvoir d'achat des citoyens qui s'est érodé ces derniers mois. Les augmentations des salaires consenties par les pouvoirs publics dans la foulée de la contestation sociale ont été vite absorbées par l'inflation. Les prix à la consommation ont augmenté de 8,7% au mois de juin dernier par rapport à la même période de l'année écoulée, situant le rythme d'inflation en glissement annuel en Algérie à 7,3% contre 6,9% en mai dernier a annoncé, l'ONS, samedi dernier. Les propositions de l'UGTA et du Cnes s'articulent autour de sept volets. L'UGTA et le Cnes proposent de réformer “l'ensemble du dispositif de régulation monétaire et budgétaire en lien avec le rôle et la responsabilité de l'Etat". Dans ce cadre, la fiscalité en direction des opérateurs économiques doit être repensée dans le sens de plus d'égalité devant l'impôt et d'allégement de la pression fiscale pour encourager l'investissement et la création d'emploi. Le mémorandum estime nécessaire d'opérer des changements profonds dans les missions de la Banque d'Algérie et dans la conduite. L'UGTA et le Cnes défendent l'idée de l'élargissement du système bancaire aux banques privées à capitaux nationaux et à des banques mixtes. Les deux parties militent pour le retour à la règle d'or, qui consiste à couvrir les dépenses de fonctionnement par la fiscalité ordinaire. Ce qui peut paraître difficilement réalisable aujourd'hui. Dans une note de conjoncture, le ministère de la Prospective et de la Statistique relève que la situation des finances publiques se situe à des niveaux préoccupants sous l'effet, notamment, de l'expansion des dépenses courantes de fonctionnement qui ont enregistré une forte hausse. (+59,2% au 1er trimestre 2012 comparativement au 1er trimestre 2011), réduisant substantiellement leur couverture par les seules recettes non pétrolières. Ces dernières ne couvrent que 37% des dépenses de fonctionnement contre 51% et 55% respectivement aux premiers trimestres 2011 et 2010. Le président du Cnes, Mohamed-Seghir Babès, et le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, militent également pour la révision des taux d'intérêt pour encourager l'épargne des ménages. Le mémorandum insiste sur l'urgence d'accroître l'offre issue de la production nationale. À ce titre, la mise en place d'un système de crédit à la consommation, réservé “exclusivement" aux produits fabriqués localement, dont le taux d'intégration nationale dépasse les 30%, est souhaité. Une batterie de mesures relatives à la valorisation de la production nationale : assurer la stabilité juridique de l'organisation de l'économie, réactiver à brève échéance le Conseil de la concurrence, mettre effectivement un Conseil national de la fiscalité... sont autant de mesures préconisées dans le mémorandum. En matière de développement des systèmes de distribution et de commercialisation, le document propose, entre autres, la réhabilitation de coopérative de consommation et la mis en place des systèmes de grande distribution et de centrale d'achat. L'UGTA et le Cnes suggèrent également la création des marchés de proximité permanents ou hebdomadaires afin, d'une part, d'éradiquer progressivement les marchés informels et, d'autre part, de contribuer à plus de transparence des marchés. Le mémorandum propose, comme mesure optionnelle pour les wilayas du Sud, la mise en place d'un dispositif de prix étudiés pour l'acquisition de produits de fabrication nationale et plus spécialement les équipements de réfrigération et de climatisation destinés aux ménages. M. R.