Les autorités algériennes ont réagi prudemment, hier, au communiqué attribué au Mujao. Le flou persiste au sujet du sort du diplomate algérien, Tahar Touati. Le Mouvement pour l'unicité du jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui retient en otage les diplomates algériens au nord du Mali, annonce avoir exécuté le vice-consul samedi. “L'exécution du diplomate algérien Tahar Touati est intervenue après l'expiration de l'ultimatum fixé au gouvernement algérien", lit-on dans le communiqué du Mujao. Le mouvement terroriste réclamait l'échange des otages par des terroristes emprisonnés en Algérie. Non seulement le mouvement terroriste revendique la liquidation d'un diplomate algérien, mais va jusqu'à menacer l'Algérie de nouveaux attentats terroristes ciblant les principales villes du Sud, et revendique fièrement les attaques commises contre les brigades de gendarmerie de Tamanrasset et de Ouargla. Les autorités algériennes ont réagi prudemment, hier au communiqué attribué au Mujao. Le ministère des Affaires étrangères a indiqué que l'information relayée par un certain nombre de sites Web au sujet d'un communiqué annonçant l'exécution du fonctionnaire consulaire algérien Tahar Touati “fait actuellement l'objet de vérifications nécessaires pour s'assurer de son authenticité". Le ministère a précisé, dans un communiqué, que les familles des fonctionnaires consulaires algériens retenus en otages dans le nord du Mali “avaient été reçues samedi matin par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères qui leur a rappelé en particulier que les contacts avec les ravisseurs n'étaient pas rompus". Le communiqué annonçant l'exécution du fonctionnaire consulaire algérien “ne peut par conséquent que susciter la surprise et justifier les démarches engagées en vue de confirmer la véracité de l'information diffusée samedi en fin de journée", a souligné la même source. Le ministère a ajouté que la cellule de crise “est en session ouverte et le ministère ne manquera pas d'informer les familles concernées et l'opinion publique nationale de tout nouveau développement". L'étonnement de la diplomatie algérienne se comprend sachant que cette dernière s'était toujours montrée confiante quant au dénouement heureux de cette affaire de prise d'otages. “Ils se portent bien", ne cessait de marteler le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, qui confirmait que des contacts étaient toujours en cours avec les preneurs d'otages. Une confiance d'autant plus renforcée depuis la libération de trois, parmi les sept otages, par le Mujao, il y a plus d'un mois. Qu'est-ce qui a changé depuis ? Serait-ce l'arrestation spectaculaire du bras droit de Droukdel à Ghardaïa, alors qu'il se dirigeait vers le nord du Mali ? Le Mujao le laisse penser. En tout cas, la diffusion du message vidéo du diplomate Touati, implorant les autorités algériennes à agir, était perçu comme un mauvais signal. Il n'aurait pas fallu attendre trop longtemps pour que le Mujao mette à exécution ses menaces, histoire de signifier à Alger qu'il faudrait le prendre un peu plus au sérieux. Mais cette exécution, si elle venait à se confirmer, pose de nombreuses questions, à commencer par savoir à qui profite ce crime ? Le Mujao, ce mouvement terroriste, basé au nord du Mali et ciblant particulièrement les intérêts algériens, est accusé par le Front Polisario d'être à la solde du Makhzen marocain, notamment au lendemain du rapt d'humanitaires européens travaillant dans les camps de réfugiés sahraouis. Une accusation à ne pas prendre à la légère, sachant que, par le passé, le Makhzen avait flirté avec le GIA et avait abrité dans ses palais un certain Abdelhak Layada. Le Maroc a officiellement demandé à être associé au règlement du conflit au Sahel, lui qui ne dispose pas de frontières avec les pays de cette région. L'autre piste — la plus probable — reste cette volonté de forcer la main à l'Algérie afin de la pousser là intervenir militairement au nord du Mali, ou du moins, ne pas s'opposer, comme elle le fait, à un débarquement de troupes étrangères à ses frontières sud. A. B.