L'approche algérienne au sujet de la situation prévalant au Mali et consistant en une sortie de crise basée sur le dialogue rallie un allié de poids, en l'occurrence les Etats-Unis. Carter F. Ham, le patron du commandement des Forces armées américaines en Afrique, est loin de partager la position des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), partisans d'une intervention militaire avec le soutien de la France au Mali, afin de l'aider à libérer le nord du pays occupé par les islamistes depuis mars dernier après le coup d'Etat ayant renversé le président Amadou Toumani Touré. Hier, le patron de l'Africom a été catégorique. Il n'y aura pas de présence militaire américaine dans ce cadre, a-t-il annoncé. Il a même indiqué ne pas être au courant des détails de l'intervention militaire, dont le Mali, la Cédéao et la France tentent d'avoir le feu vert de l'ONU pour la lancer. Réalisme oblige, les Américains, qui n'ignorent rien des réalités du terrain au Sahel, où terrorisme et banditisme font bon ménage, partagent totalement la position algérienne. En effet, par la voix de la secrétaire d'Etat US aux Affaires étrangères, Hillary Clinton, les Etats-Unis ont déjà annoncé qu'ils sont pour une plus large concertation régionale et internationale face à la crise malienne en raison “des défis complexes et interconnectés" sur les plans sécuritaire et humanitaire. Ils insistent pour que la crise malienne associe tous les pays touchés, ainsi que l'Union africaine et la Cédéao car “ce sont des défis sécuritaire, politique et humanitaire complexes et interconnectés". Idem pour d'autres pays africains, à l'image de la Mauritanie, qui a également plaidé à l'ONU pour une concertation entre le Conseil de sécurité, le gouvernement malien et les pays voisins pour résoudre la crise au Mali. Les partisans de l'option militaire devraient ainsi revoir leurs cartes, car le Sahel, véritable poudrière notamment depuis la disparition d'armes lourdes de l'arsenal de Kadhafi, risque de devenir un bourbier duquel il sera très difficile d'en sortir.