Réunis à Bruxelles le même jour que cette rencontre de Bamako, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE devaient approuver dans la journée une déclaration où ils se disent “prêts à aider le Mali". Le président malien est pressé de voir débarquer sur le sol de son pays les troupes de la Cédéao, appuyées par la communauté internationale. À l'ouverture de la réunion ministérielle consacrée à la crise malienne, qui s'est tenue hier à Bamako, le président par intérim, Dioncounda Traoré, a appelé à une action urgente pour la reconquête militaire du nord du Mali, occupé depuis plus de six mois par des groupes islamistes armés. “Nous ne devons plus perdre la moindre seconde. Il y a un caractère d'urgence, nous sommes engagés dans une course contre la montre." Il a remercié la communauté internationale pour son soutien au Mali depuis le début de la crise et a rendu notamment hommage à Mme Dlamini-Zuma, au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et au président français François Hollande. “Grâce à votre soutien et à votre solidarité agissante, notre pays, le Mali, ne s'est jamais senti seul", a affirmé Dioncounda Traoré, qui a omis de mentionner l'Algérie à qui il reprocherait son opposition au traitement “tout sécuritaire" et surtout l'intervention étrangère, dans le conflit malien. Les participants à cette réunion qui se tient au niveau ministériel discuteront de la situation au Mali et débattront d'un projet de “concept stratégique" pour la résolution des crises que connaît le Mali dans ses dimensions institutionnelle, sécuritaire, humanitaire et de développement. La réunion de Bamako se tient une semaine après l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2071 sur le Mali. Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, présent à Bamako depuis jeudi, a indiqué : “Si l'intervention (militaire) au nord du Mali a pour objectif la lutte contre le terrorisme, l'Algérie s'est déjà exprimée sur ce sujet ; elle a exprimé, et je le confirme aujourd'hui, non seulement son intention, mais sa volonté de persévérer dans la lutte, par tous les moyens, contre le terrorisme (...). Nous considérons cela comme un objectif important qui ne doit pas, en revanche, nous faire oublier que pour bien lutter contre le terrorisme, il faudra également refaire l'unité nationale du Mali autour de la fraternité, de la réconciliation et mobiliser l'ensemble des acteurs maliens pour construire le Mali de demain." Le ministre des Affaires étrangères a fait remarquer, en outre, que “nous sommes aujourd'hui dans la nécessité d'en appeler également à la communauté internationale, parce que nous sommes tous convaincus que la lutte contre le terrorisme est une lutte qui interpelle l'ensemble de la communauté internationale, et celle-ci doit apporter une contribution déterminante dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé". “Nous sommes confiants qu'on peut développer, à la fois, un dialogue entre les frères maliens et mener la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit. L'Algérie, a-t-il poursuivi, est en train de développer une action dans trois directions qui sont “toutes complémentaires". Il y a d'abord une action humanitaire, une action politique et une action de partage dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il expliqué. De son côté, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a déclaré, hier à Washington, que la résolution du Conseil de sécurité relative à la crise malienne “a fédéré les différentes approches", tout en relevant l'importance “de tirer les enseignements de l'histoire récente, comme en Libye, afin d'éviter tout amalgame et tout débordement". Réunis à Bruxelles le même jour que cette rencontre de Bamako, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE devaient approuver dans la journée une déclaration où ils se disent “prêts à aider le Mali dans ses efforts pour rétablir l'Etat de droit et rétablir un gouvernement pleinement démocratique exerçant son autorité sur l'ensemble du territoire malien". Le projet de déclaration souligne que l'UE est disposée pour cela à “accélérer la planification d'une possible mission dans le cadre de la politique de défense et de sécurité commune afin d'aider à la réorganisation et l'entraînement des forces de défense maliennes". L'ONU et l'Union africaine (UA) vont ouvrir des bureaux permanents à Bamako afin de coordonner leurs actions respectives face à la crise dans le nord du Mali occupé par des islamistes armés, ont annoncé, hier dans la capitale malienne, deux hauts responsables de ces organisations. Le principe de l'envoi d'une force armée de quelque 3 000 hommes venus des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, soutenue par l'ONU et recevant l'appui logistique des pays occidentaux, est acquis. Mais les pays ouest-africains doivent préciser la composition, les besoins et les missions de cette force pour en accélérer le déploiement. On n'en est pas encore là. Mais force est de constater que l'empressement malien, probablement dicté de l'étranger, a de quoi inquiéter. Le président malien par intérim ne semble pas se soucier du dialogue, encore moins des revendications des Touaregs au nord du Mali. Il veut juste une intervention militaire internationale et la bénédiction de la France pour que la guerre soit menée sur son sol par d'autres armées. Une guerre dont l'issue reste incertaine, sachant qu'elle est censée viser les groupes terroristes, mais qui pourrait, surtout, compliquer davantage la situation dans cette région dont les revendications remontent à plusieurs décennies. À moins que Bamako ne songe à déléguer le règlement de la crise du Nord aux forces multinationales, le sort réservé aux revendications des populations de l'Azawad semble relégué au dernier plan. Le gouvernement de Bamako sait, pourtant, qu'aussi longtemps qu'il continue d'ignorer les revendications des populations du Nord, il aura une grenade dégoupillée sous ses pieds. A B