Le mois de ramadan dernier a mis à nu l'étendue de la désorganisation de commerce intérieur caractérisé par une grande anarchie, des fraudes et d'autres pratiques commerciales délictueuses à grande échelle. La boucle de la boucle a été la vente, pendant plus de quatre mois durant, de viande d'âne dans les marchés de la capitale. Des tonnes de viande (d'âne, d'agnelle, ovine et de poulet) impropres à la consommation provenant de ces abattages clandestins ont été saisies. À quelques mois de l'adhésion de notre pays à l'OMC, la situation, caractérisée par l'anarchie des activités de commerce, constitue, de l'avis même du Conseil économique et social (Cnes) “une menace pour le consommateur”. Les pratiques en marge de la réglementation prolifèrent de plus en plus et les pouvoirs publics ne semblent pas prendre les mesures adéquates pour mettre fin à ce phénomène. Un autre phénomène a pris de l'ampleur à la faveur de l'instauration de l'économie de marché : le marché informel représenterait, selon le ministre du commerce, 35% de la richesse nationale. Le drame c'est que l'Etat semble impassible face à ces phénomènes. Le nombre de commerçants recensés par le centre national du registre du commerce (Cnrc) s'élève à 626 800 personnes, environ 278 300 seulement s'acquittent leurs cotisations, soit à peine 40%. Plus de 700 marchés de détail informels, où plus de 100 000 personnes exercent ont été identifiées. On parle de l'existence de plus de 65 zones de non-droit. Malgré la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne et l'adhésion prochaine de l'Algérie à l'OMC, les ventes sans facture restent importantes. Le bilan des services de contrôle, au premier semestre 2003, indique que les ventes sans facture correspondent à 26,5 milliards de DA, “soit les deux tiers du montant découvert l'année dernière, estimé à 41 milliards de DA”. Cela équivaut à environ 300 millions de dollars (500 millions de dollars en 2002). Le ministre des finances a d'ailleurs révélé lors d'une rencontre que “sur les 35 000 importateurs en activité, 15 000 seulement activent avec des registres du commerce loués”. Une situation à laquelle le gouvernement a décidé de remédier en interdisant la location des registres du commerce à travers le projet de loi sur les pratiques commerciales actuellement au niveau de l'APN. Sur un autre registre, le marché national est caractérisé par l'existence “de quantités considérables de produits contrefaits, dans les branches d'activité des textiles, cuirs, cosmétiques, pièces de rechange automobile, matériel informatique…” Les branches d'activité du textile, pièces de rechange automobile, cosmétiques enregistrent des dommages importants du fait de l'ampleur de ce phénomène et l'offre disponible sur le marché, affirme-t-on, est estimée entre 50 et 60% de produits contrefaits. M. R.