En dépit des assertions des pouvoirs publics quant au lancement, chaque année, des divers programmes d'habitat, la crise du logement persiste encore en Algérie. Le citoyen subit tous les jours les méfaits de cette pression qui pèse lourdement sur lui. Pis, le taux d'occupation par logement (Tol) qui se situe entre 5,8 et 6 confirme clairement la dégradation des conditions de vie des populations. C'est le constat le plus récent établi par le Collège national des experts architectes (Cnea). L'une des raisons à l'origine de cette défaillance évoquée par le Cnea est la mauvaise utilisation des moyens et l'incompétence des responsables à la tête des structures relevant du secteur. “Souvent, on confie la gestion du secteur de l'habitat et de la construction à un personnel non technique dont le profil et la formation ne répondent pas aux normes requises et sans expérience apparente", constate le président de cette organisation, Abdelhamid Boudaoud. Pour lui, un diagnostic détaillé et une classification du patrimoine immobilier de chaque commune est indispensable. Il est question, souligne-t-il, de classer les différents parcs immobiliers existants, ceux vétustes, inoccupés, inachevés, neufs, et de recenser les besoins en logements et matériaux. Cela se fera à travers une répartition par tranches d'âge des différentes typologies et degré de vétusté (grille de vétusté et carnet de santé). Ce qui donnera lieu, après expertise, suggère-t-il, à des décisions de réhabilitation, de rénovation, de confortement ou de démolition des habitations. Cette mission, selon lui, ne devrait pas être confiée au seul ministère de tutelle. Tous les secteurs sont concernés. “Il ne suffit pas de construire du neuf mais d'en assurer régulièrement l'entretien et la maintenance. Car tout logement ou équipement dispose d'une durée de vie, et il est sujet périodiquement à une usure à prendre en charge dans le cadre d'un programme de suivi et de réhabilitation. Pour cela, chaque bâtiment doit être doté d'un carnet de santé", indique M. Boudaoud. Des milliers de bâtisses, réalisées dans les années 1970 et 1980, ont vieilli et menacent ruine par manque d'entretien. Des vies humaines sont menacées par l'effondrement, à tout moment, de leurs demeures. Et les dégâts occasionnés par les intempéries qui ont ravagé les différentes contrées du pays en sont une preuve concrète. Afin de permettre à l'Etat de disposer de fonds pour mener à bien les projets de construction et leur réhabilitation, il est impératif, affirme M. Boudaoud, de se pencher sur une méthode efficace et coercitive de recouvrement des créances à terme par les 53 OPGI que compte le pays, évaluées à 58%, et la vente du reste du parc immobilier locatif estimé à 800 000 logements avec un coefficient de zone à définir au cas par cas, suivant la région, la ville, le quartier... Par ailleurs, le Cnea voit en la location une des solutions à la crise. Il propose, dans ce sens, l'élaboration d'une stratégie appropriée qui garantira un meilleur marché locatif. “Il est de ce fait possible, voire nécessaire de créer une grille du prix du m2 de location, tout en tenant compte des conditions sociales et du pouvoir d'achat du citoyen pour lequel le niveau actuel des loyers est quasiment inaccessible sur tout le territoire national. Un accès presque impossible à cause du paiement de la location qui se fait annuellement et au comptant", relève le président du Cnea. Le collège demande un audit de tous les maîtres d'ouvrages : OPGI, AADL, Dlep, DUC, APC et autres structures. Outre le renforcement des capacités des entreprises réalisatrices jugées très faibles actuellement, le Cnea souhaite une modernisation et une simplification du permis de construire. B. K.