Netanyahu était déjà le grand favori des élections anticipées qui se tiendront le 22 janvier prochain, en Israël. En frappant fort à Gaza, il améliorera le score de sa victoire annoncée. Il ne manquera donc pas de le faire. On ignore qui, du Hamas ou d'Israël, a ouvert les hostilités, mais si c'est le Hamas, il aura rendu service à Bachar al-Assad, après avoir servi les calculs électoraux de Netanyahu. Al-Assad pourra se faire oublier, tout au moins le temps d'une offensive au sol de l'armée israélienne. Et le calvaire des Syriens avec. L'Europe et les Etats-Unis comprendront parfaitement “qu'Israël défende sa sécurité". Et ce n'est pas un “monde arabe", aujourd'hui englué dans ses crises internes, qui pourra mettre les Ghazaouis à l'abri de la brutale “riposte" de l'armée israélienne. Emmenés par un émir du Qatar préoccupé par faire le ménage pour l'islamisme dans les Etats dits “arabes", ceux-ci ont perdu toute influence sur leurs destins respectifs : ils vivent des crises d'un autre temps dans un monde qui évolue sans eux. La scission de fait entre les deux parties des territoires sous autorité palestinienne illustre la vraie nature des enjeux qui occupent les forces politiques dans le monde arabo-musulman : le projet islamiste pour “la" nation musulmane contre la perspective démocratique pour “les" Etats du monde musulman. C'est une Palestine écartelée dont Mahmoud Abbas ira défendre le statut d'Etat palestinien non membre devant l'Assemblée générale de l'ONU, le 29 novembre prochain. L'échéance n'est peut-être pas la plus décisive, mais elle survient dans un contexte interne qui résulte du glissement de la question palestinienne de son statut de cause nationale vers une fonction d'alibi politique d'une idéologie. Le Hamas pourra toujours puiser des arguments dans le fait que ses obus ont atteint Tel-Aviv et El-Qods. Mais, cette gloire au rabais, quand on compare les pertes et dégâts réciproques, ne fera pas avancer la cause des Palestiniens comme cause nationale. Il vient d'offrir une nouvelle opportunité à Israël d'exercer sa brutalité contre les Ghazaouis, avec le consentement de ses puissants alliés et sous le regard impuissant de ceux que cette férocité révulse. Et, dans l'état actuel de disponibilité pro-israélienne de “la communauté internationale", il permet à l'occupant qui réprime de se présenter en agressé qui se défend ! Tout cela pour empêcher le Fatah de voler la vedette au Hamas à partir de New York ? De leur côté, les régimes du monde arabo-musulman n'ont plus que la force de la condamnation de principe. Ayant perdu leur légitimité de défenseur et de soutien collectif de la cause pour avoir raté trop d'occasions de la servir, depuis 1973 notamment, ils s'en tiennent à la réaction machinale quand les faits l'imposent à eux. Aujourd'hui, ici comme ailleurs, ils n'ont plus la capacité locale d'empêcher l'islamisme de parler au nom des peuples musulmans. Et l'islamisme a fait de la question palestinienne un tremplin de plus dans sa marche résolue vers la conquête idéologique et politique du monde musulman. Sous prétexte de lutter contre les “croisés" et les sionistes ! Pourtant, les faits sont têtus : pour le malheur des Palestiniens, l'islamisme s'avère un allié objectif du sionisme. M. H. [email protected]