L'affaire Karim Siaghi, ce jeune Algérien de confession chrétienne, accusé et condamné en mai 2011 en première instance à 5 ans de prison ferme pour insulte au Prophète, revient au-devant de la scène médiatique et judiciaire à Oran, avec sa convocation aujourd'hui, avons-nous appris auprès des membres du collectif de soutien de Karim Siaghi. En effet, son avocat a été destinataire d'un télégramme lui annonçant la convocation de son client par le juge près la cour d'Oran, afin d'être entendu, ce matin, dans le cadre d'un “complément d'enquête". Ainsi, plus d'un an après la condamnation de Karim Siaghi en première instance, ce qui avait soulevé protestations et réprobations, y compris à l'étranger, avec une mobilisation citoyenne sans précédent à Oran, d'aucuns s'interrogent sur ce qu'il est possible d'attendre de cette audition d'aujourd'hui, c'est-à-dire, soit un abandon des charges, ou alors un nouveau procès. Pour rappel, le jeune homme avait fait l'objet d'une “dénonciation" par un ancien voisin l'accusant d'avoir insulté le Prophète. Des faits qu'aucun PV d'audition de l'accusateur ne venait étayer ou prouver, d'autant plus que Karim a toujours nié farouchement d'avoir proféré la moindre insulte à l'encontre du Prophète. Plus grave, durant le procès en première instance et lors de l'audience en appel, l'accusateur était absent. Dès lors, pour les avocats du jeune homme, sa condamnation à 5 ans de prison ferme assortie d'une amende de 20 000 DA était totalement injustifiée. À l'époque, déjà, la défense avait plaidé la relaxe pure et simple de leur mandant arguant “l'absence totale de preuves pour les accusations de prosélytisme et d'insulte au Prophète", un dossier vide en somme, avaient déclaré les défenseurs du prévenu. Alors que la mobilisation autour de Karim Siaghi prenait une ampleur insoupçonnée avec des rassemblements de soutien devant la cour d'Oran, regroupant des représentants de partis politiques comme le FFS, le RCD, le collectif SOS Liberté, la CNCD-Oran, d'anciens moudjahidine, les représentants de l'Eglise protestante en Algérie à laquelle appartient Siaghi, le juge présidant l'audience du procès en appel avait tenté de recentrer les débats loin de la question de la religion ou de la conversion ou non de l'accusé. Du coup, il avait choisi de demander un complément d'enquête, se donnant le temps ainsi de faire baisser la tension et pour, peut-être, permettre à la justice de faire son travail loin de toute considération politico-religieuse. D. L