Les grands projets algéro-français avancent bien. La visite de Jean-Pierre Raffarin à Alger aura servi à peaufiner davantage les dossiers Renault et Total avant la visite d'Etat que doit effectuer le président français, Hollande, en Algérie les 19 et 20 décembre prochain. Le forcing de Paris s'explique par les difficultés économiques que connaissent la France en particulier et la zone euro en général. Mais Alger est également intéressé par ce partenariat afin de diversifier son économie. L'un dans l'autre, tout le monde trouvera son compte. Mais au-delà de l'aspect purement “affaire", il s'agit de savoir quelle sera la contrepartie politique dont bénéficiera l'Algérie. Si l'on pose cette question c'est que tout simplement la tension sur la mémoire depuis la loi du 23 février 2005 a souvent parasité les relations bilatérales. Si Alger a mis en veilleuse sa demande d'excuses de la France pour les crimes commis durant la colonisation, Paris n'a pas fait suffisamment de gestes dans ce sens même si les responsables français, de l'ancien ambassadeur français en Algérie, Colin de Verdière qui a qualifié les massacres du 8 Mai 1954 de “tragédie inexcusable" jusqu'à la dernière déclaration de François Hollande sur les événements du 17 Octobre 1961, ont tenté d'apaiser les esprits et de permettre aux deux pays d'évoluer dans un cadre plus serein. Mais la forte présence du lobby de pieds-noirs dans la sphère politique hexagonale, aussi bien dans la gauche que dans la droite, continuera de peser sur les relations bilatérales. Comment tourner cette page lourde de l'histoire commune et penser à l'avenir dans le cadre du respect mutuel et des intérêts communs ? Le président Hollande est interpellé à agir dans le sens de l'apaisement afin que le passé ne vienne pas perturber, voire remettre en cause, les efforts du présent. Un partenariat “gagnant-gagnant" est encore possible entre les deux pays sauf si les partisans de “l'Algérie française" viennent y mettre leur grain de sable. n