Des affrontements entre un groupe armé et les forces de l'ordre ont fait un mort et quatre blessés, lundi, près de la frontière algérienne. Un garde national tunisien (gendarme) a été tué lundi et quatre autres ont été blessés dans des affrontements avec des hommes armés dans l'ouest de la Tunisie, au moment où le pays voit se multiplier les foyers de tensions islamistes et sociaux deux ans après la révolte populaire. “Les affrontements sont en cours", a indiqué, hier en fin d'après-midi, un responsable des forces de sécurité tunisiennes dans la région de Kasserine. Deux hélicoptères et des blindés ont été déployés sur place. Le gardien d'une société pétrolière a repéré des hommes au comportement suspect, à proximité de la localité de Bouchebka, à deux kilomètres de l'Algérie voisine. Il a prévenu la garde nationale, l'équivalent tunisien de la gendarmerie. “Le chef du poste s'est rendu le premier sur place et a été abattu", a expliqué ce responsable, précisant que ces hommes étaient probablement des “trafiquants d'armes". Le défunt est l'adjudant Anis Jlassi. Quatre de ses collègues de la garde nationale ont été blessés et hospitalisés à Kasserine. Les hommes armés, eux, seraient au nombre de quatre. Des renforts militaires des régions voisines ont reçu l'ordre de se dépêcher sur les lieux. La frontière tuniso-algérienne est une zone de trafic en tous genres, notamment de carburant et de différents produits de consommation courante, mais aussi d'armes. Sur le front social, cinq jours d'affrontements entre manifestants et policiers ont fait quelque 300 blessés fin novembre à Siliana (sud-ouest de Tunis). Le principal syndicat du pays, l'UGTT, maintient sa grève pour jeudi, après le saccage de son siège par des “milices" proches des islamistes d'Ennahda. Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a parlé récemment, dans une interview à la revue britannique The World Today, de trafic d'armes en Afrique du Nord, comme source d'insécurité dans le contexte de l'occupation du nord du Mali par des islamistes extrémistes armés. “Des quantités d'armes ayant appartenu au régime libyen sous Kadhafi sont passées aux mains des islamistes, non seulement en Libye, mais aussi en Algérie et en Tunisie", a averti M. Marzouki. Pour le président de la République provisoire, le danger vient en particulier de ceux qui “se rendent au Mali pour s'entraîner au jihad, comme en Afghanistan, pour retourner ensuite en Tunisie". Les problèmes politiques et économiques actuels de notre pays ne doivent pas occulter, à nos yeux, le danger que constitue la prolifération de l'extrémisme religieux sous toutes ses formes. Cet extrémisme, on le sait, se nourrit de la pauvreté, de la frustration et de l'instabilité : autant de conditions objectives observées aujourd'hui en Tunisie. I. O.